LIMINANAS GARNIER « De Pelicula »
Après Pascal Comelade, Anton Newcombe et Emmanuelle Seigner, Peter Hook et Bertrand Belin, le duo de Perpignan Limiñanas collabore cette fois avec une fameuse figure de la scène électronique française Laurent Garnier. Au programme : de l’espagnol electrochoqué comme les deux doigts dans une prise de courant, des séquences hallucinées au psychédélisme de bon aloi et forcément toute l’imagination qui va avec.
Par Jean-Christophe MARY
Depuis leur tout premier album sorti en 2009, Lionel et Marie Limiñana recyclaient à leur manière l’héritage rock psychédélique laissé par The Brian Jonestown Massacre ou The Warcloks, à coup de guitares rock et basses lancinantes qui truffées d’effets spéciaux. Et puis voilà que sur « De Pelicula » (2021), les machines et les beats electro prennent le pas sur les guitares électriques pour créer un univers electro rock toujours aussi mystique et envoutant. Ce n’est pas la première fois qu’un DJ s’acoquine avec un groupe rock. On se souvient de l’album « Screamadelica » du groupe britannique Primal Scream produit par le DJ Andy Weatherall. Le projet Limiñanas / Garnier s’inscrit dans cette continuité electro psychédélique avec des titres à l’image de cette pochette rétro futuriste. Un album concept qui a l’allure de road trip et mets en scène l’histoire de deux amants : Saul et Juliette. L’atmosphère ambiante, un mix boucles, beats et bidouillages électroniques aux sons futuristes élaborés par Laurent Garnier et guitares fuzz pour les Limiñanas rappelle l’univers de True Romance de Tony Scott et Quentin Tarantino.Le groupe travaille à la manière des musiciens des 70’s. Ils sont plus préoccupés par la création d’une belle toile sonore dans la lignée des concepts albums que faisaient autrefois les Beatles, Zappa, Pink Floyd, que par la course au tube. Ici vous ne trouverez pas de refrains à chanter sous la douche, mais vous serez sous le charme d’une superbe cathédrale sonore aux guitares aiguisées, mordantes évoluant au milieu de synthétiseurs, samples, compresseurs et autres rack d’effets.
D’entrée « Saul » nous entraîne dans un monde rétro futuriste 80’s avec des voix parlées sur fond de rythmiques saccadées. Sur « Je Rentrais Par Le Bois…BB » là encore dominé par une basse batterie groovy, le duo devenu trio le temps de l’album nous attire doucement vers un une pop moderne avec des superpositions savamment alambiquées. Notre curiosité monte d’un cran sur « Que calor » titre fort où l’héritage electro, la guitare fuzz et la basse ronronnent derrière une boite à rythme ensorceleuse qui semble tourner en boucle comme un vinyle rayé. Le détonnant « Promenade Oblique » est bâti sur une rythmiques basse batterie des plus folles. « Tu Tournes En Boucle » est une bonne bouffée d’oxygène avec ses atmosphères festives et aériennes dotées d’une bonne dose de psychédélisme. « Steeplechase » est un titre attrape cœurs aux guitares déchirantes, truffées d’effets sonores. Voilà un morceau entêtant qui rappelle les grandes heures des Stones Roses, Primal Scream avec ce clavier hypnotisant qui s’emballe derrière la pulse de boite à rythme. Un titre dont ne se lasse pas. Un titre que l’on écoute en boucle, encore et encore. L’album s’achève sur le magistral « Au Début C’était Le Début » avec la voix poignante Bertrand Belin qui renvoie à Bashung. La production subtile fourmille de mille et une trouvailles dans le mix, à l’instar de ces effets panoramique qui contribuent à susciter l’émotion chez l’auditeur. Inutile de préciser que l’on a hâte de découvrir à quoi ressemble ce bel équilibre sur en live.