L’Elixir d’Amour à l’Opéra National de Paris
Décidément, désormais Gonzomusic vous en offre pour tous les goûts, la preuve par l’Elixir d’Amour- à Opéra National de Paris qui a su faire massivement tourner la tête à notre évêque- oui il a pris du galon depuis son dernier séminaire- Jean-Christophe Mary. Pour info, l’Elixir du Dr Dulcamara fait référence à la légende de Tristan et Iseult quand ils boivent par erreur un philtre qui transforme leur haine réciproque en un amour passionné. En 1863, le chimiste Angelo Mariani développe une « boisson tonique » dite « vin tonique Mariani » censée procurée à ses consommateurs une inépuisable vigueur. L’analyse révèle que cette boisson vendue par correspondance et qui connut un énorme succès en Europe était un mélange de vin et de Bordeaux et de cocaïne.
Par Jean-Christophe MARY
Cette reprise de L’Elisir d’amore de Gaetano Donizetti, l’un des opéras les plus célèbres du XIXe siècle, est présentée à l’Opéra National de Paris jusqu’au 09 novembre dans une mise en scène champêtre et pétillante signée Laurent Pelly. L’œuvre idéale pour faire ses premiers pas à l’opéra. « Dans mes souvenirs, la campagne est plutôt associée aux grandes vacances à la parenthèse de l’été, aux jeux… La campagne, l’enfance le jeu : c’est ce fil que nous avons tiré pour tricoter l’univers de cet Elixir d’Amour ». Laurent Pelly.
Nous sommes dans un village perdu dans la campagne italienne au milieu des 60’s. Sur scène côté jardin, une auberge posée sur une route que traverse parfois un chien. Côté cour, une énorme meule de foin fraichement coupé. Rien d’autre. Ainsi démarre la mise en scène de Laurent Pelly. Un paysage si désertique que dès l’arrivée vrombissante du « docteur » Dulcamara, fait sensation. Et pour cause. Il se dit que le « docteur » Dulcamara, serait l’inventeur d’un mystérieux philtre d’amour… Seulement les philtres d’amour provoquent parfois de terribles tragédies. Ils peuvent aussi être prétexte à cette comédie tendre où le sergent Belcore et le timide Nemorino se disputent le cœur de la belle Adina. Le décor est planté. Écrit en quatorze jours seulement par Gaetano Donizetti (partition) et Felice Romani (livret), L’elisir d’amore (L’Élixir d’amour) est un opéra en deux actes tiré du livret écrit par Eugène Scrib. Il a été joué pour la première fois au Teatro della Canobbiana de Milan le 12 mai 1832. On vous le dit et on vous le redit, cet opéra est l’un des plus accessibles du répertoire classique. Un opéra servi ce soir par une distribution haute couture. Le ténor américain Matthew Polenzani interprète un Nemorino alliant belle musicalité à un jeu d’acteur tout en émotion. La voix est vibrante, claire, toute en nuances délicates.
Dans la seconde partie, le ténor est particulièrement touchant dans la scène 7 et livre un « Furtiva lagrima » qui reste un grand moment d’émotion. Adina, la belle et riche fermière, campée par Sydney Mancasola est pétillante à souhait espiègle et sémillante, c’est un régal de chaque instant pour les oreilles et pour les yeux. La soprano virevolte comme une elfe, pleine de charme et de malice et fait des merveilles vocales dans le registre du belcanto. Carlo Lepore endosse lui le rôle du bouffon, le Dottor Dulcamara avec de très belles notes de baryton basses et une grande aisance scénique. Son interprétation, vocalement impeccable, est aussi fourbe et roublarde que pleine de charme. Le plateau et les costumes de Chantal Thomas nous replongent dans une campagne italienne des 60’s, entre réalisme champêtre et fantastique avec ce décor de botte de foin monumental qui fait de cette histoire, une comédie loufoque pleine de vitalité, criante de vérité sur les rapports amoureux. Cette reprise est un triomphe annoncé. Ayant pour la scénographie colorée et vitaminée de Laurent Pelly, réputé pour le souffle et la précision de ses mises en scène que par la direction d’orchestre de Giampaolo Bisanti qui a reçu une véritable ovation. Pensez à réserver.
Du 28 Septembre au 09 novembre 2021
Opéra Bastille. Place de la Bastille, 12e. Tél. 0892 89 90 90. À 19 h 30.