KURT COBAIN MONTAGE OF HECK

Kurt-Cobain-Montage-of-Heck

Un peu plus de vingt ans après son suicide par balle, « Montage of Heck » retrace avec un rare brio le kaléidoscope de l’existence tumultueuse de Kurt Cobain, chanteur-leader de Nirvana. Produit par la famille de Cobain, dont sa fille unique France Bean Corbain, le film mêle films 8mm familiaux, dessins, premiers live inédits, documents rares et à l’instar de son auguste prédécesseur Oscarisé « Searching For Sugarman » utilise à bon escient l’outil narratif du dessin animé pour nous faire vivre, comme une expérience unique, l’intimité d’une star du rock aussi douée que tourmentée.

Kurt-Cobain-Montage-of-HeckIl y eut tout d’abord James (Dean), puis Brian (Jones) , Jimi (Hendrix), Janis (Joplin) et Jim (Morrison) avant Kurt (Cobain) et enfin Amy (Winehouse), membres éternels du triste « 27club », le club des stars du rock décédées à l’âge de 27 ans. Mais parmi tous ces artistes, Kurt Cobain est le seul à s’être lui-même infligé la mort en se tirant une balle dans la tête. Le « heck » de « Montage of Heck » est en fait une contraction des mots « hell » (enfer) et « fuck » (putain) que l’on pourrait traduire par un « « Entain  de montage ». Car c’est littéralement un putain de musicien rock qui se révèle à travers ce film aussi artistique dans l’écriture, le choix des images que dans le montage justement. Incroyablement personnel, on découvre Kurt bébé en adorable bambin blondinet qui prononce ses premiers mots « Je suis Kurt Cobain » lance-t-il, avant qu’on ne le découvre appliqué à jouer d’une guitare électrique-jouet. Mais très vite le petit ange blond devient un enfant hyperactif traité dés son plus jeune âge à la Ritalin. Après la séparation de ses parents, Kurt sera balloté de l’un à l’autre au gré des crises qu’il génère, jusqu’au ras le bol du dernier parent qui le garde. Finalement, après etre passé chez son oncle, il revient chez sa mère, mais toujours aussi rebelle. Au collège, Kurt est solitaire, souvent son regard se dissimule derrière ses cheveux. Sans ami, il se réfugie dans son imaginaire d’une incroyable richesse. Comme John Lennon, Kurt dessine énormément, il écrit également des poèmes. On le voit dans le film, en version cartoons, coucher avec une fille handicapée mentale légère. Même si internet n’existait pas encore, l’histoire fait vite le tour du lycée, Kurt devient le « retarded fucker » ( le baiseur d’attardée mentale) et la pression du harcèlement devient si forte qu’il tente de se suicider en s’allongeant sur une voie de chemin de fer…mais cette nuit-là, le train passe sur la voie d’à côté. Le film regorge de ces détails troublants.

 

Punk rock means freedom

 

Rebelle à l’école comme dans la vie, c’est naturellement que Cobain se laisse gagner par le rock. Il a 14 ans lorsque son oncle lui offre sa première guitare électrique. Et c’est ainsi que la musique va massivement participer à la métamorphose du jeune homme réservé. Il se lie d’amitié avec Krist Novoselic,  le fils de la coiffeuse, avec lequel il finira par répéter dans la cave. Nirvana naitra de ces sessions où la distorsion stridente des guitares se mêlait aux déchirements et aux feulements de la voix de Kurt. On découvre qu’aux premiers concerts Nirvana rapportait un modeste cachet de 60$ à son chanteur. Très habilement, le réalisateur se joue du graphisme à l’écran pour faire passer des aphorismes tels : « punk rock means freedom » (punk rock ça veut dire liberté), « your parents are affraid of you » (tes parents ont peur de toi) », « I love my parents yet I disagree with everything they stand for » ( j’aime mes parents, mais je suis en total désaccord avec tout ce qu’ils défendent) ou le troublant « See you in hell » ( on se retrouvera en enfer). Signature sur le label indépendant de Seattle Sub Pop, arrivée de Dave Grohl, à la fin des années 80 tout s’accélère pour Nirvana, c’est le départ du grand roller-coaster. Kurt, avec ses cheveux de plus en plus longs est un horse-guard rock et blond. « This song has only two notes » (cette chanson n’a que deux notes). Pour inventer le grunge, Cobain a tiré toutes les leçons de la révolution punk « Tout ce qui compte c’est de faire de la bonne musique, que l’on devienne populaires ou non, peu importe, la musique est le plus important » déclare-t-il en interview. Avec ses chemises trop grandes et ses T shirts difformes, Kurt impose son look « no look », il devient une icône. Mais il se plaint déjà d’intenses douleurs à l’estomac et, pour la calmer, pratique toutes sortes de drogues dont l’héroïne. Superbe séquence onirique du making of du tournage du clip-événement « Smell Like Teen Spirits » qui marque le point de non retour de la plus totale identification des ados à Nirvana, qui devient alors le groupe d’une génération désabusée. Kurt rencontre Courtney, la gloire, l’amour, la dope…tout s’accélère encore. Cobain a bien du mal à gérer cette écrasante célébrité et le grand cirque médiatique des MTV et consorts. Too much too soon, Kurt n’y survivra pas et se suicide le 5 avril 94, rejoignant ainsi le funeste « 27 club ». So sad.

 

 

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