JOHNNY H ET MOI

Johnny H et Fred JNon, non, non… trois fois non, contrairement à ce que peut laisser entendre son titre, il ne s’agit pas d’un nouvel éclairage sur les addictions en général et celle du haschich en particulier de notre Johnny national… mais juste un regard intime et drôle sur le mythe Hallyday porté par Fred Jimenez qui a assuré la basse dans le groupe de l’idole pendant quatre ans et trois tournées. « Johnny H et moi » de quoi alimenter un ouvrage qui déborde d’anecdotes aussi intimes que croustillantes qui ont su émoustiller JCM.

Johnny H et Fred JPar Jean-Christophe MARY

Dans ce court essai qui lit se d’une traite, le bassiste Fred Jimenez dresse un portrait intime de Johnny mais également sur le monde de la musique. Tout au long des 15 chapitres, l’auteur qui a joué à ses côtés durant plusieurs tournées en France et à l’étranger, revient sur les quatre années épiques passées aux côtés de la star camembert.  

Ex-bassiste d’AS Dragon, Fred Jimenez a travaillé avec Bertrand Burgalat mais aussi composé, arrangé, produit un album et plusieurs titres de Jean-Louis Murat. Cependant, Fred Jimenez fait surtout partie de la légende de « Johnny ». Durant quatre ans de 2012 à 2016, il a tenu la basse dans le groupe de l’idole pendant trois tournées. Fred Jimenez a joué à ses côtés en France et à l’étranger, dans des stades, des zéniths et des salles plus modestes. Au long des 152 pages, il raconte de l’intérieur la plus imposante des machines du show business français, cet étrange mélange de cour de récréation et de cour du roi, de professionnalisme et d’amateurisme, de grandeur et parfois de ridicule.

Mais Fred Jimenez n’aurait jamais dû se trouver là. Il n’aurait jamais dû décrocher cette place tant convoitée. Beaucoup ont tenté de le décourager, de le discréditer, de le déboulonner. Dans cette biographie au style aussi rapide qu’une Lamborghini, précise et enrichie de témoignages inédits, Fred Jimenez brosse un portrait sensible et inattendu du mythique rocker français. Au fil des chapitre, il raconte-sans langue de bois-ce qu’il a vu et entendu, et surtout comment il a vécu cette expérience.

Johnny H et Fred JOn y découvre des scènes surréalistes comme ce coup de bluff lors de son entretien d’embauche avec Gilbert Coulliers alors que ce dernier lui demande si il sait jouer la de contrebasse  sa rencontre avec le « patron » qui n’apprécie guère sa coupe de cheveux jugée trop « Beatles » mais aussi l’amitié indéfectible scellée avec Yarol Poupaud alors  guitariste et directeur musical des tournées d’Hallyday. Certains passages sont amusants comme la rencontre avec Paul Mc Cartney lors des répétitions à Burbanks, celle avec Robert Trujillo (Metallica) et « son sourire professionnel », la garden party dans la maison de Johnny lorsque que celui-ci ivre enfonce la porte des WC à grand grands coups de santiags. Il n’oublie pas d’égratigne ce milieu de « requins », l’hypocrisie de Warner la maison de disque et ces « vautours aux aguets », les VIP en loge champagne : « Nous avons coupé la tête des rois pour les remplacer par des présentateurs TV, hommes politiques et saltimbanques ». Page après page, il épingle ceux qui ont tenté de l’évincer de la sphère Hallyday, Philippe Rault l’agent des musiciens américains qui fait tout pour placer son poulain, Darryl Jones ( l’actuel  bassiste des Stones ! ) Bertrand  Lamblot le directeur artistique chez Warner, les coups tordus entre musiciens, le chef d’orchestre Yvan « Berlioz » Cassard, le pianiste Alain Lanty pour qui l’auteur de ne fait pas parti du sérail, sans oublier le directeur musical des choristes qui tente à plusieurs reprises de le discréditer.

Johnny H et Fred JCertaines anecdotes sont croustillantes comme Johnny qui tient à se teindre les cheveux tout seul « Résultat tout le monde parle de ses cheveux orange et personne de sa tournée », ces journalistes suisses qui viennent l’interviewer mais qui quatre ans plus tard l’auront oublié pour la promo de son album solo. Il nous confie les montants de ses cachets, loin de ceux que l’on pourrait imaginer « 750 € pour un stade et 600 € pour un Zénith », l’ambiance du Stade de France qu’il découvre pour la première fois, ces « petits rendez-vous scéniques » exigés par la star, nous livre des réflexions sur son instrument : « la basse est censée porter la baraque. La plupart des gens ne la perçoivent pas mais si elle s’arrête, tout le monde tombe de cheval ». Et puis il y a l’envers du décor, les musiciens américains qui se couchent tôt après les shows, économisent sur les défraiements, ces orchestres symphoniques recrutés dans chaque ville qui jouent eux en « play Back », les faux enregistrements studios filmés pour la promo d’un album… Fred Jimenez lui rend justice, en montrant les multiples facettes d’une personnalité déroutante, étonnante, intrigante : celle d’un artiste hors du commun. Drôle, touchant et réaliste, « Johnny H. et moi » constitue un fabuleux témoignage sur le plus célèbre des chanteurs français mais aussi sur le monde de la musique. Un récit croustillant qui avec un humour dévastateur et un sens très affûté du détail qui tue, porte un regard intime et drôle sur Johnny.

 

« Johnny H. et moi » par Fred JimenezJohnny H et Fred J

Editions du Cherche Midi.

 

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.