Il y a vingt ans sortait pour de vrai le « Black Album » de Prince
En janvier 95 un évènement majeur secoue la planète funk: le légendaire « Black album » de Prince sorti…et immédiatement retiré de la vente en 1988 est enfin disponible dans le commerce. On soupçonnait alors Warner et ses frères de vouloir casser le marché- forcément – noir sur ce disque très rare du Kid de Minneapolis.
Vingt ans se sont écoulés et si avec le recul ce « Black Album » n’est en rien comparable aux succès des albums phares de Prince comme « 1999 » ou « Purple Rain », avec le recul du temps son coté expérimental le rend justement touchant. Bien entendu la guerre était depuis longtemps déclarée avec Warner et elle trouvera son apothéose dans le refus de Prince Roger Nelson de continuer à user du patronyme auquel le public avait pu s’habituer pour s’auto-métamorphoser en « Love Symbol »…mais c’est encore une autre histoire.
Le « Black Album » chroniqué à l’époque.
Voilà qui va casser le moral et les dents de requins des spéculateurs, le fameux “Black Album” de Prince sorti en 88…et immédiatement retiré du circuit est édité six ans plus tard et cela nous mène à nous poser quelques questions existentialistes. D’abord après la publication de “Come” et la désintégration du label Paisley Park, le divorce semble définitivement consommé entre le kid de Minneapolis et Warner et ses frères. La publication post-mortem du “Black” ressemble à un solde de tout compte, Prince aurait pu choisir un live pour remplir ses ultimes obligations contractuelles avec le label qui le distribue depuis 78, il a préféré réincarner le “Black” sans doute en guise d’ultime pied de nez à ces executives en costume-cravates qui l’avaient censuré. Quant au skeud lui même, il se situe dans la discographie du funkeur forcené entre le décevant “Parade” (86) et “Lovesexy”(88) où l’on retrouvait la seule chanson échappée des enregistrements de l’album noir: “When 2 R In Love”. Comme je n’avais pas les 3000$ nécessaire à l’époque pour acheter l’album au marché noir, je me suis longtemps contenté d’une copie K7 avant un voyage à Tokyo où pour 200F j’ai récupéré un CD pirate du “Black” qui contenait 8 titres en plus, les cessions de “Cristal Ball” créditée à Christopher. Six ans plus tard, les cotés les plus provocs et sulfureux du “Black” se sont émoussés. Dans l’ère des gansta rappers quelques “mother fuckers” n’impressionnent plus grand monde. N’empêche, ce damné “Black” conserve son potentiel énergétique avec des titres comme “Le Grind” ou le fameux “Superfunkycalifragisexy”. Bref le “Black” n’est pas l’affaire du siècle, c’est avant tout un document sur la face rebelle du kid et un deal correct lorsqu’on songe aux arnaque genre The Beautiful Experience, mais pour une fois justement je n’irai pas prétendre que black is beautiful.
PRINCE
“The Black Album” Warner Bros
Publié dans le numéro 21 de Rock Sound de janvier 1995
MONSTRE ALBUM! THE FUNK!