DAMSO « QALF »

DamsoNon, trois fois non « QALF » ne marque pas le retour du joyeux extraterrestre échappé de la planète Melmac, mais l’acronyme de « Qui Aime Like Follow », soit  le titre du nouvel et 4ème album de Damso, incontestable meilleur album de rap francophone de ce début d’année. Vibrant, funky, rebelle, mélodique et pourtant cassant, sorti fin 00, ce disque-là n’a sans doute pas fini de nous dispenser sa précieuse énergie pour survivre dignement à cette étrange 21.

DamsoC’est bien la preuve qu’il existe un monde chez nos voisins belges au-delà de l’art simple de la frite. À des années-lumière de la fade et commerciale Angèle, de même Damso ne cherche pas non plus à se cloner avec Brel, tel un vulgaire Stromae. Bien au contraire, le natif de Kinshasa cultive sa différence comme son art d’un rap original. Et vous savez quoi, il a la … frite ! Révélé par son titre « Poséidon » balancé sur une mix-tape de Booba en 2015, il ne faudra qu’un an seulement pour que Damso publie son premier album « Batterie Faible » puis l’excellent « Ipseité » en 2017, soit « Ce qui fait qu’un être est lui-même et non pas autre chose » et enfin « Lithopédion » en 2018, soit un « Embryon ou fœtus mort et calcifié ». Carrément. C’est dire si « QALF », publié désormais sur son propre label, Trente Quatre Centimes, est un titre particulièrement apaisé pour notre vibrant hip-hopper belge qui nous offre un vibrant 4ème album hanté par l’amour et la weed, les femmes et le deal, mais aussi la famille, les enfants et la vie en général. Tous les titres de l’album sont écrits en majuscules, comme s’il voulait crier son rap.

Damso Tout commence par « MEVTR » en forme de rumba congolaise agitée, preuve qu’il exhibe fièrement ses racines congolaises. Après un piano spectaculaire, soudain la voix basse et puissante de Damso glisse comme le surf sur sa vague. Ses mots précis frappent de taille et d’estoc, tuant  virtuellement à chaque coup, comme un preux chevalier sur son champ de bataille. Après un « LIFELIFE » sombre et agitée, « je compte plus les anniversaires que j’ai manqué… », entêtante sous le flow posé du rapper belge, voici venir mon titre préféré avec « DEUX TOILES DE MER ». Émotionnel délicat, étrangement,  mais si addictivement auto-tuné sur son piano aussi climatique que  nostalgique ; puis au milieu du titre surgit un craquant message de son fils Lior, avant un slow flow en forme d’auto-critique parentale. « SENTIMENTAL», le suivant est encore un titre spécial lover cool. Et mon second morceau favori de l’album, porté par sa rumba electrochoquée sur boite à rythmes. Super délicat et tendre avec la top Noemie Lenoir en guest star sur un solide hit entêtant en version slow-motion. Puis « BXL ZOO » est  pulsé et sombre avec son featuring du rapper belge d’origine marocaine Hamza, tandis que Damso réplique forcément sur un mode épique. « CŒUR EN MIETTES » fatalement spleenien, chante ce cœur brisé sonique irrésistible porté par la présence solaire de l’incroyable Lous and the Yakuzas sur sa cool guitare acoustique, mais texte forcément sombre : « La vie de rêve, je dois l’admettre/ Elle est remplie d’mal-être, de fils de putes en guest/ J’te parle même pas du reste, ça fait mal à la tête/ Roule un joint pur en pers’ sans mettre de cigarette… » vocalise Damso et Lous and the… lui répond en dialogue hip hoppé.

Damso et Lior

Damso et Lior

« POUR L’ARGENT » marque un retour en mode africain, avec une rumba zaïroise électronique et chaloupée particulièrement cool. Avec « BPM », Damso la joue éthéré et aérien comme du PNL, mais bien moins cold qu’eux,  pour une nouvelle love story contrariée par l’art du deal. « Billets violets, jaunes, verts, gros sous, everyday, everyday … » « D’JA ROULÉ », au titre évident, si entêtant et répétitif, met en vedette la weed et la copine caroline. Mais c’est bien « 911 » qui est ma troisième favorite et sans doute la plus cool de tout l’album, délicatement tropicale, sur un thème proche du titre homonyme du  duo Wyclef Jean et Mary J Blige en 2000 : appeler la police car le cœur a été touché par l’amour. « FAIS ÇA BIEN » porté par le chant de son compatriote de Kinshasa Fally Ipupa, marque un retour à l’Afrique, forcément, avec un titre absolument vibrant qui fait résonner haut et fort le tam-tam planétaire, super feeling super flow, encore un titre en or massif de Damso, pour une love song résolument agitée. Sublime ! Spéciale dédicace : « ROSE MARHE’S LOVE » est dédiée à sa maman et à sa famille « maman I love you love » chante t’il ad lib dans son franglais de Bruxelles. Enfin voici « INTRO » et paradoxalement c’est ce titre qui clôt l’album. Retour à la guitare acoustique et aux chœurs pour évoquer la vie de bandit qui n’est pas la sienne: « Eh, la vie de bandit, les peines lourdes et les pleurs, daronne apeurée/ C’est pas ma vie, c’est pas la mienne… » pour un final émotionnel et quasi instru. En conclusion, et ça va faire hurler le club des vieux rockers de la page Facebook BEST 🤣, on peut dire que Damso est sans doute ce qui nous arrive de mieux made in Belgium depuis… Dick Annegarn !

 

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2 réponses

  1. Louise dit :

    Un artiste complet. J’ai pu le voir au Main Square Festival d’Arras il y a quelques années et je ne m’en suis jamais lassée. Toujours ses sons en boucles dans mes écouteurs au boulot ! Pressée de le revoir sur scène.

  2. Louise dit :

    Un artiste complet. J’ai pu le voir au Main Square Festival d’Arras il y a quelques années et je ne m’en suis jamais lassée. Toujours ses sons en boucles dans mes écouteurs au boulot ! Pressée de le revoir sur scène.

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