DISJOINTED
On se souvient tous des hauts et des bas du petit bizness de Nancy dans sa bonne ville d’Agrestic, California dans la désopilante et hallucinante série WEEDS. DISJOINTED, sur le même thème, suit l’évolution de la législation sur la marijuana avec l’ouverture de « dispensaires » pour « délivrer » de la beu à « usage médical » sur présentation d’une ordonnance rédigée par un « weed doctor ». Et la série nous fait vivre un de ces nouveaux dispensaires, vu de l’intérieur. Basé à Los Angeles, tenu par Ruth, une activiste au long cours en faveur de la weed, l’établissement draine forcément une faune d’allumés des deux côtés du comptoir. Pari gagné sur l’humour potache dopé au THC, DISJOINTED, après HIGH MAINTENANCE (voir sur Gonzomusic https://gonzomusic.fr/high-maintenance.html ), est incontestablement la série la plus fumante du moment !
« Bienvenu chez Ruth Alternative Caring, le plus cool des dispensaires de marijuana de toute la Californie. C’est moi Ruth, avocate spécialisée dans la marijuana, activiste en faveur de la légalisation et juste avant que je n’ouvre cette boutique, usagère fréquente du cannabis. Bref, j’ai voué toute mon existence à répandre le catéchisme de la marijuana cette plante miraculeuse qui a le pouvoir de guérir. Après avoir présenté sa carte d’identité et son ordonnance, le nouveau patient est autorisé à entrer dans les lieux…et à acheter ! Nos budtenders, nos barmens à beu, sont là votre disposition pour vous conseiller » Tel est le clip promo, qui doit être posté sur le net, pour faire la pub du nouveau dispensaire. Et en conclusion, elle balance: « En matière de cannabis, il n’y a aucune autre alternative », tel est le slogan de chez Ruth ! D’ailleurs, comme elle l’avoue elle-même, tous ses budtenders sont « alternatifs » 😉 Ruth, c’est Ruth Whitefeather Feldman (Kathy Bates). Dans son équipe, en bonne mère juive elle a intégré son fils Travis (Aaron Moten), qui vient tout juste d’être diplômé d’un master en business d’une grande école de commerce. Comme Lenny Kravitz ou Drake, le père de Travis est black, ce qui en fait également un bon yid. Générique… et là, GBD est plié en deux, en reconnaissant des images qu’il connait bien, extraites du légendaire film de propagande anti-beu « Reefer Madness », chargé d’expliquer à l’Amérique profonde que l’usage de l’herbe va forcément mener à la débauche et pousser les jeunes filles blanches à coucher avec des noirs (sic !). Le choix de ces extraits en guise de générique de DISJOINTED est bien entendu tout sauf innocent, histoire de rappeler que cette pauvre plante a été diabolisée depuis près d’un siècle, alors qu’elle était majoritairement consommée un peu partout. Faut-il le rappeler, les voiles et les cordages des Caravelles de Christophe Colomb qui ont découvert l’Amérique étaient faits de…chanvre, la version mâle de l’herbe qui fait rire !
Merci et joyeux traitement !
Anyway, back to DISJOINTED, ce qu’on apprécie le plus dans la série produite par la Warner et diffusée sur Netflix ce sont incontestablement ses super-dialogues déjantés. « On peut discuter ou tu es trop raide ? » demande Travis à Ruth, qui répond du tac au tac : « Tu sais, c’est juste une raideur strictement professionnelle ! ». Le gamin cherche en fait à développer la franchise et avec son business plan, il rêve de devenir le Wallmart de la beu…bon, y’a encore du chemin à faire. Certes, les rires rajoutés façon TV show à l’Américaine sont un peu bof bof…. « Je ne suis qu’a moitié juif…et c’est pas du tout aussi cool que tout ce que Drake laisse croire », se lamente Travis. La vendeuse asiate fait croire à ses parents qu’elle est en fac de médecine. L’autre budtender, la sexy Olivia (Elizabeth Alderfer) veut sortir avec Travis et va tenter de convaincre Ruth de s’intéresser au business plan de son fils. Dans le même temps, Pete qui s’occupe de faire pousser les plantes, et Travis tournent une pub pour la Blue Dream, une belle variété artisanale, mise en avant. Ils concluent par un « Merci et joyeux traitement » …comme on dit bonne dégustation dans les bonnes tables. Mère-juive, mais surtout mère-transgressive jusqu’au bout, Ruth balance à son fils franco de port : « je crois bien que tu n’aurais aucun mal à te faire Olivia ! ». Les dialogues délirants ne manquent pas, et on est pliés en deux lorsque Ruth initie Maria, une mère de famille à la beu. Et si l’on pouvait encore douter de la sincérité de DISJOINTED, lorsqu’on apprend que Cheech Marin et Tommy Chong, plus connus sous le surnom de Cheech and Chong, tous les doutes sont immédiatement levés. Une première saison de 10 épisodes a été diffusée sur Nefflix le 25 aout dernier tandis que, selon le binge watching de la chaine, la seconde saison de 10 épisodes vient d’être disponible, depuis le 12 janvier 2018. Bon, soyons réalistes avec moins de 30% de « J’aime » sur Rotten Tomatoes, DISJOINTED ne devrait sans doute pas atteindre la longévité de WEEDS !
Diffusée sur Netflix depuis le 12 janvier 2018