NINA HAGEN « Angstlos »

Nina Hagen et Kosma Shiva
Voici 42 ans dans BEST GBD usait de toute son expertise pour analyser le troisième et fracassé LP solo de Nina Hagen après tout le tumulte déclenché par son hit imparable, le surprenant « African Reggae ». Et avec cet « Angslos » on peut dire que la chanteuse punk de Berlin Est parvient à renouer avec le succès avec le funky « New York N.Y.» produit par le disco king Giorgio Moroder qui s’était déjà distingué avec Donna Summer ou bien les Sparks… avant d’inspirer Daft Punk un demi-siècle plus tard… mais c’est encore une autre histoire du rock …
Je l’avais rencontrée pour BEST un peu plus d’un an auparavant, pour un de mes papiers les plus mémorables du fameux mag rock chastement intitulé « 36 positions avec Nina Hagen » ( Voir sur Gonzomusic 36 POSITIONS AVEC NINA HAGEN ) pour la sortie de son « NunSexMonkRock, puis tendu mon micro à son ancien groupe le Nina Hagen Band rebaptisé The Spliff Radio Show ( Voir sur Gonzomusic THE SPLIFF RADIO SHOW L’AFTER NINA ), cette fois avec « Angstlos » littéralement « sans peur », la maman de Kosma Shiva remet le couvert avec une œillade gourmande en direction des pistes de danse pariant sur l’effet Moroder et en raflant la mise, avec de surcroit une belle composition rock signée des Red Hot Chili Peppers Flea et Anthony Kiedis … plus d’un an avant qu’ils ne publient le tout premier LP de leur groupe Californien. Flashback…
Publié dans le numéro 182 de BEST sous le titre :
… ET SANS REPROCHE

Nina Hagen by Xavier Martin
Résumé des épisodes précédents petite Nina traverse le rideau de fer pour porter sa prophétie punko-matérialiste. Sur trame de défonce et de provoc, elle laisse exploser sa hargne (« Nina Hagen Band »). Puis elle se lance avec succès dans le reggae-club africain, Nina devient une pop star aux senteurs de soufre (« Unbehagen Lorsque nous l’avions quittée, petite Nina s’était transmutée en Sainte Nina un trip d’acide avait suffi pour donner naissance à Cosma Shiva, née d’une copulation interne et schizophrène entre Nina et flans, son alter ego. Aujourd’hui, Nina nous revient sans son auréole, « Angstlos » — sans peur — comme une fathma nouvelle des années de speed. Accrochez-vous à son (mignon) nombril, laissez-vous aller ; la nouvelle tendance est à la con-tor-sion et je parie un aller-simple au paradis qu’elle ne tardera pas à gagner un vaste succès de masse. Après le flop de son dernier album, Nina s’est expatriée pour la Californie oti elle a dealé son âme au Méphisto disco, Giorgio Moroder, et à son esprit damné, Keith Forsey. Coûte que coûte, Nina devait patchworker son aura. Avec ce « Sans Peur », je sais qu’elle a gagné ; son album est le plus détonant de cette terne rentrée rock. Elle y affine sa folie avec art. Sur la lancée des rappers, elle s’est initiée aux secrets du scratch et du breack Nina dé-rappe dans ses langues (allemand, anglais, français) et ses cris, Grand Master et les autres n’ont qu’à bien se tenir. D’ailleurs « New York, NY », qui ouvre cet « Angstlos », porte le même nom que le dernier maxi des Furious Five. Avec « Sarah », ce sont les deux litres les plus dansants de l’album. Nina n’a pas oublié ses leçons de l’opéra de Berlin Est, lorsqu’elle scratche New York, c’est en envolées lyriques ses cordes vocales font des scoubidous lorsqu’elle dessine ses graffiti-parties. Et la France, alors Nina ne l’a carrément pas oubliée, écoutez donc « Frühling in Paris » et ses cartes postales caustiques : «… donne-moi un café au lait, garçon, un croissant amandine. Bonsoir, madame Catherine Deneuve, bonsoir, monsieur Truffaut voulez-vous Picasso pour coucher avec Brigitte Bardot. Chéri, donne-moi un croissant.. » Edifiant, non ? Nina excelle dans le style frappé et, croyez-moi, ça n’est pas du café. Nina ne respecte rien, elle funke même sur les psaumes d’Hare Krishna et la survie dans l’autre monde. Version moderne de Ia petite fille de l’Exorciste, Nina blasphème comme d’autres enchaînent les clichés amoureux. Quant à la production de Moroder, elle éclate comme une poignée de pop-corns, ce qui prouve qu’après toutes ces années, tonton Giorgio n’a pas perdu la main avec les jeunes filles. Nina a bien de la chance d’avoir déniché un tel Pygmalion : son « Sans Peur » est cuirassé comme un vaisseau de la 7ème flotte, né pour gagner.
