SO LONG IVAN
On l’avait découvert en 1972 grâce à l’emblématique film de Perry Henzel « The Harder They Come » où il incarnait Ivan, le cool gangster de Kingston et avec lui tout le pouvoir du reggae dont il devient un des trois héros avec Peter Tosh et Bob Marley. Hélas, trois fois hélas, le chanteur à la voix si douce s’est éteint à l’âge de 81 ans des suites d’une crise cardiaque suivie d’une pneumonie. J’avais interviewé et filmé Jimmy Cliff à Paris en 1996 lors d’un concert privé dans le mini auditorium de RTL… une rencontre que je n’ai jamais oubliée. RIP Ivan…
C’est son épouse qui a annoncé hier la bien triste nouvelle sur son compte Instagram.
« C’est avec une profonde tristesse que je vous annonce que mon mari, Jimmy Cliff, nous a quittés des suites d’une crise cardiaque suivie d’une pneumonie », a déclaré Latifa Chambers. « Je suis reconnaissante envers sa famille, ses amis, ses collègues artistes et ses collaborateurs qui ont partagé son parcours. À tous ses fans à travers le monde, sachez que votre soutien a été sa force tout au long de sa carrière. Il appréciait vraiment l’amour de chacun d’entre vous. »
Avec des tubes tels que « You Can Get It If You Really Want », « The Harder They Come » et « Wonderful World, Beautiful People », il a connu un succès mondial et a aussi été intronisé au Rock and Roll Hall of Fame en 2010, devenant le deuxième Jamaïcain après Bob Marley à recevoir cet honneur. Au-delà de sa musique, il était connu pour son rôle principal dans le film « The Harder They Come » (1972), dans lequel il incarne Ivan Martin, un jeune homme qui déménage à Kingston, la capitale jamaïcaine, pour percer dans l’industrie musicale, mais qui se retrouve forcé de se tourner vers le crime. Ce film et sa bande originale, pour laquelle Cliff a écrit plusieurs hits, ont contribué à populariser le reggae aux États-Unis et ont fait de lui une star planétaire. Normal puisque la propre histoire de Jimmy Cliff ressemble à s’y méprendre avec celle d’Ivan Martin. Il est né en 1944 sous le nom de James Chambers, dans la paroisse de Saint-James, à l’ouest de la Jamaïque, au milieu d’un ouragan qui a détruit la maison familiale. Cadet d’une fratrie de huit enfants, il a grandi dans la pauvreté, chantant à l’église, et a pris plus tard le nom de scène de Jimmy Cliff. Puis il s’installe à Kingston en 1961 et connaît son premier succès à l’âge de 14 ans, lorsque son single « Hurricane Hattie » atteint le sommet des charts jamaïcaines.
Peu après, il déménage à Londres pour poursuivre sa carrière. Il y enregistre son premier album, qui incorpore des éléments de R&B, puis retourne en Jamaïque où sa musique est devenue de plus en plus populaire. En 1970, il avait trois singles dans les charts britanniques : « Wonderful World, Beautiful People », « Vietnam » (que Bob Dylan a qualifié de « meilleure chanson contestataire jamais écrite ») et une fulgurante reprise du « Wild World » de Cat Stevens. Il a ensuite collaboré avec des artistes tels que les Rolling Stones, Elvis Costello, Annie Lennox et Paul Simon, et a enregistré le titre « I Can See Clearly Now » pour la bande originale du film « Cool Runnings », sorti en 1993. En 1995 il enregistre avec Bernard Lavilliers le nonchalant duo tropical « Melody Tempo Harmony » qui devient un hit phénoménal et qui rebooste gravement sa popularité dans l’Hexagone. D’ailleurs, juste un an plus tard, Jimmy Cliff donne un concert privé dans le mini auditorium RTL de la rue Bayard pour lancer sa vaste tournée Française dans la foulée de son nouvel album « Higher And Higher » que je filme pour mon émission BUZZ TEE VEE. A cette occasion, après le concert, je tends mon micro au natif de Saint James et je conserve à jamais le souvenir d’un artiste aussi débonnaire que chaleureux, un héros du rock à la simplicité touchante qui avait su m’émouvoir comme Bob Marley rencontré bien des années auparavant ( Voir sur Gonzomusic BOB MARLEY & THE WAILERS : Live historique au Bourget ). En 2012 il publie un de ses meilleurs albums avec le puissant et fort bien nommé « Rebirth » tandis que « Refugees » son ultime opus est sorti voici seulement trois ans. Incontestable héro du reggae sa stature était telle que le Premier ministre jamaïcain Andrew Holness lui a rendu un vibrant hommage sur X après sa mort, se souvenant de lui comme d’un « véritable géant culturel dont la musique a porté le cœur de notre nation dans le monde entier ». Jimmy Cliff s’est peut-être éteint, mais son message si positif lui survivra à jamais…
« Tu peux l’avoir si tu le veux vraiment.
Tu peux l’avoir si tu le veux vraiment.
Tu peux l’avoir si tu le veux vraiment.
Mais il faut essayer, essayer encore et encore.
Essaie encore et encore, tu finiras par y arriver. »
« You Can Get It If You Really Want » Jimmy Cliff
