THE SUPERSOUL BROTHERS « By the Way »
Allman Brothers, Isley Brothers, Blues Brothers… sans oublier les Brothers Johnson et les Brothers Jackson, la musique noire n’aura jamais été avare de ses différents brothers. Cependant, ces SuperSoul Brothers ont la particularité d’être originaires de l’Hexagone et leur accent impeccable cache admirablement leur origine de Pau. Un groupe soudé depuis 2016, vétéran de très nombreux concerts et cela s’entend sur ce « By the Way », 3e album porté d’un bout à l’autre par un cool groove à remonter le temps.
C’est sûr qu’à l’écoute de ce « By the Way » on sait d’emblée à qui on a à faire : un gang de sept musiciens aussi soudés qu’aguerris, qui prennent un sacré plaisir à vampiriser les sons les plus dorés de la soul des 60’s et du funk des 70’s. Les SuperSoul Brothers n’ont donc pas choisi leur patronyme au hasard, tant les multiples références de la black attitude agitent les plages de cet album. Dès le premier titre, l’ardent « Toy Party Time » on retrouve un peu de James, une pointe d’afro-beat cuivrée, un soupçon de Kool avec tout son Gang et on laisse tout le bon temps couler jusqu’à la puissante « By the Way », chanson-titre où la super voix grave du chanteur David Noël se fait carrément Bobby Womack pour une soul balade fort Temptationesque qui sent bon le groove es 70’s porté par toute la magie de son orgue Hammond, bref un cocktail entêtant. « Gimme Some Soul » annonce la couleur ; au moins c’est clair et net et aussi porté par le souffle puissant des cuivres pour un beat qui rend un hommage bien appuyé au « Sex Machine » de James Brown, dérivant dans la foi d’un gospel volcanique. Super titre nostalgique à remonter le temps. Hanté par les chœurs féminins du « You Can’t Always Get What You want » des Stones de « Let It Bleed » en excellent clin d’œil… la totale.
Si « Time Is Right » plus proche de la néo soul écossaise du Average White Band, en revanche « Heart Made Of Stone » sous ses faux airs du beat de « London Calling » de l’intro avant de plonger sur une soul blanche à la Southside Johnny, portée par le cri joyeux du Farfisa et qui part sur un délire à la ELP… un trip pour ce qui constitue sans doute le titre le plus iconoclaste du projet. Retour à la soul mélancolique au ralenti… façon Otis Redding Sam Cooke… et par ricochet l’ami Nino Ferrer qui lui aussi « voulait être noir » ( Voir sur Gonzomusic NARDI, NINO, CACHIN ET MOI ) avec l’intemporelle et si nostalgique« Father ». Retour au speed avec « Where Are You », étourdissant comme un parfait inédit de Booker T and the MG’s de la (très) grande époque de la Stax… qui se révèle ici particulièrement efficace.
« Snow Day In the World » est une balade cool soul crooner façon Solomon Burke ou encore Bobby Womack où l’on se laisse nonchalamment entrainer par le solo de trompette et le cri de l’orgue à la Blood, Sweat & Tears. Pour la bien nommée « Play it Like a Sister » on découvre la voix de soul woman de Claire Rousselot-Paillez qui oscille entre Diana Ross et Martha Reeves pour une sister sacrément convaincante. Avec « Yeah Yeah Yeah » on retrouve toute l’urgence de Booker T and the MG’s pour une soul effrénée à l’addictif speed hypertrophié accéléré par le joyeux barrissement des cuivres. Puis « One More Day » marque un retour au style crooner modèle Sam Cooke/ Sam & Dave résolument 60’s sur le thème classique de la rupture amoureuse avant d’enchainer avec ce « Take My Hand » en enivrante funk jam-session qui sonne comme un inédit de Blood, Sweat & Tears, pour un cool et entrainant final. Bref vous l’aurez compris ces SuperSoul Brothers ne sont peut-être pas des natifs de Memphis, mais ils mériteraient aisément de l’être !
THESUPERSOUL BROTHERS en concert le 3 juin 2024 au New Morning