NOTHING BUT THIEVES « Dead Club City »
Sur ses trois précédents albums, le quintet de l’Essex Nothing But Thieves recyclait à sa manière l’héritage rock laissé par Radiohead, Muse ou Thirty Second To Mars. Et puis voilà que sur « Dead Club City » (2023), les claviers électro prennent le pas sur les guitares électriques pour créer un univers disco synthé pop rock festif et dansant. Une nécessaire séance de rattrapage signée JCM…
Par Jean-Christophe MARY
Comme sur les trois précédents opus, ces nouvelles chansons pop entrainantes sont portées par la voix de falsetto de leur leader Conor Mason (chant guitare). Autrement dit, une arme de séduction massive. Autour de lui Dominic Craik (guitares, claviers , Joe Langridge-Brown (guitares), James Price (batterie), Phil Blake (guitare, basse) produisent une bande son disco pop rock somptueuse et dansante. Exit les guitares rock d’un autre âge, place aux sons glacés élaborés à base de synthétiseurs, samples, compresseurs et autres rack d’effets. D’entrée le très énergique et pop « Welcome to the DCC » nous entraîne dans un monde rétro futuriste 80’s avec cette voix aussi alambiquées que synthétique sur fond de électro house saccadée, soit une texture sonore profonde et dansante à la Daft Punk sur fond de rythmique ensorceleuse. Sur « Overcome », là encore dominé par une basse batterie groovy, le refrain mené tambour battant nous attire doucement vers un une pop moderne avec des superpositions de chœurs et de voix leads savamment alambiquées. Et puis vient ce solo héroïque sorti tout droit des 80’s. Notre curiosité monte d’un cran sur « Tomorrow Is Closed » titre fort où l’héritage de Muse semble tourner en boucle comme un vinyle rayé, est plus qu’évident. L’émouvant « Keeping You Around » sorte de cathédrale sonore est un titre attrape cœur avec cette basse ronde qui rebondit comme un ballon, porté par un refrain lancinant entre pop, R&B et hip hop. Impossible de s’en détacher facilement tellement la voix vous happe. Alors on le met et le remets en boucle.
Avec « City Haunts », on revient au son rock sale et débraillé de leur tout premier album éponyme. Conor Mason évolue très haut dans les aigus, comme le faisait Prince, la basse ronronne et les guitares métalliques claquent de toute part. « Do You Love Me Yet » est une bouffée d’oxygène avec ses atmosphères festives 80’s avec ces claviers à la Foreigner et ces orchestrations de cordes typiques de l’époque. Autre tube en puissance, « Foreign Language » particulièrement envoûtant avec ces guitares déchirantes, truffées d’effets sonores. Voilà un morceau mid tempo entêtant qui va faire date dans les annales du groupe avec ces claviers hypnotiques. Un titre que l’on écoute en boucle, encore et encore. L’album s’achève sur le magistral «Pop the Balloon », aussi sombre que déjanté, dont la production subtile fourmille de mille et une trouvailles dans le mix, comme par exemple ces effets panoramique sur la batterie la basse et les guitares (et là on pense à Royal Blood ).Une chose est sûre : l’écriture, les progressions d’accords, la structure des titres et le chant en particulier, tout est beaucoup plus libre ici que dans les précédents opus. Cet album audacieux propose un mélange des genres absolument captivant. Si vous les avez raté à l’Olympia le 02 février, ne les manquez pas au Main Square Festival en juillet 2024.