NEIL YOUNG « Before And After »
Vivement qu’il neige pour pouvoir déguster « Before And After » cet album acoustique où Neil Young revisite avec une délicatesse extrême certaines de ses chansons, dont certaines très surprenantes, telle « Mister Soul », composées entre 1966 et 2022 soit un gap de 56 ans… pour un track-listing d’une coolitude illimitée, le dernier cadeau de l’année du « jeune Neil » à ses aficionados…
Je me souviens de ce lumineux « American Stars n’ Bars » de 1977, le huitième LP de Neil Young. Sur cet album, j’affectionnais tout particulièrement la sublime et délicate « Will To Love », dont j’étais immédiatement tombé amoureux, car Young avait enregistré au coin du feu de son mythique Broken Arrow ranch cette chanson acoustique et le son des buches qui crépitaient dans la cheminée se mêlait à la musique. C’est un peu cette belle émotion que je retrouve dans cette collection de chansons qui constitue le- j’ose à peine l’écrire !- 45ème album-studio de notre héros Canadien-désormais-naturalisé-citoyen-US, avec un concept auto imposé par l’Artiste à lui-même : reprendre de manière acoustique et enchainées certaines de ses compositions à travers le temps et son extensive discographie. Et je parie que Young a dû vivre le plus Cornélien des casse-têtes pour boucler cette sélection de 13 chansons. Et tout démarre avec « I’m the Ocean », dont la VO figurait sur le « Mirror Ball » capturé en 95 avec Pearl Jam. Interprétée à la guitare sèche, on croirait découvrir un inédit de « Harvest ». Et c’est bien là tout le pari lancé, parvenir à surprendre son public, en détournant une chanson aussi énergique , pour en faire une balade délicate. La douceur se poursuit avec l’obscure « Homefires » qui figurait parmi les inédites de son coffret « Archives Vol II » où Neil Young force si haut sa voix qu’il en chante presque faux et ce qu’on retrouve dans cette chanson, c’est justement tout ce qui fait qu’on l’aime pour ses faiblesses et ses miraculeuses imperfections.
On peut dire que le Buffalo Springfield a une place de choix dans cette sélection, puisqu’on y retrouve pas moins de trois compositions, « Burned » de 66 qui illuminait le tout premier 33 tours de son groupe avec Stills, ralentie c’est presque une complainte qui s’enchaine avec l’aérienne « On the Way Home »… qui était sur le dernier album du Buffalo Springfield de 68, sans doute une de mes favorites. Quelle belle émotion de la découvrir aussi pure et dépouillée ! Encore une rareté exhumée avec la superbe « If You Got Love » qu’on retrouvait sur son « Live & Rare » de 95. Et nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec cette longue intro pour la sombre « A Dream That Can Last » de « Sleep With Angels » de 1994 jouée exclusivement sur son piano. Puis on remonte drastiquement le temps avec « Birds », emblématique et mélancolique, extraite de son « After the Gold Rush ». De , on devient immédiatement subjugué par la lente « When I Hold You In My Arms , pure voix/piano qu’on a connue bien plus électrique sur l’énervé « Are You Passionate» . Surprenant harmonium pour « Mother Earth » ici quasi phymne d’écorché vif lorsqu’on l’a découverte façon grunge sur « Ragged Glory » en 1990. Dernier emprunt au Buffalo Springfield avec une de ses plus fameuses compositions « Mister Soul , revisitée slow motion menaçante à l’harmonium et à l’harmonica… vous avec dit étrange ? Retour à 78 avec la chanson-titre « Comes A Time », lumineuse et acoustique puis cette belle histoire sonique s’achève sur « Don’t Forget Love » créée voici trois ans pour son « Barn » capturé dans son ranch durant le COVID et je me dis que c’est bien loin d’être un hasard si le mot de la fin doit être le mot « love », car cet amour n’est-il pas justement le carburant ultime qui propulse Neil Young vers les étoiles depuis plus d’un demi-siècle ? Entout cas, trop hâte de découvrir ces chansons et les autres que Young ne devrait pas manquer d’interpréter dans sa prochaine tournée acoustique… si toutefois elle passe bien par l’Hexagone.