BRYAN FERRY « Mamouna Deluxe Edition »

Bryan FerryEnrichie de pistes inédites, cette belle réédition du «  Mamouna Deluxe Edition »  de Bryan Ferry lève le rideau sur le processus créatif d’un album injustement méconnu Bryan Ferry. Ce coffret de trois CD comprend l’album original publié en 1994, des titres inédits que Bryan Ferry avait enregistrés pour le projet initial intitulé « Horoscope » ainsi que des démos, dont certaines remontent jusqu’en 1989. Un kdo de Noël que le petit Jean-Christophe MARY a manifestement adoré retrouver aux pieds du sapin.

Bryan FerryPar Jean-Christophe MARY

 

 A l’aube de la cinquantaine, le leader de Roxy Music sort son 9eme album solo avec l’aide de son ancien comparse, le claviériste, arrangeur et producteur Brian Eno. Ce sont les premiers enregistrements depuis que ce dernier a quitté Roxy Music en 1973. Conforté par le succès de l’album Taxi (1993), Brian Eno et Bryan Ferry se mettent au travail, épaulés de musiciens talentueux qui ont déjà fait leur preuve. On trouve le batteur Steve Ferrone (déjà présent sur Taxi), les guitaristes Nile Rodgers (Chic), Robin Trower (ex-Procol Harum), Phil Manzanera (Roxy Music) et la chanteuse Carleen Anderson.

Comme sur les précédents « Boys and Girls », « Bête Noire » et « Taxi », Bryan Ferry ( Voir sur Gonzomusic   ) mets au point une musique dotées de sonorités chic et classieuses, en dehors du temps et des modes. Ces titres expérimentaux pulvérisent les règles de la composition, repoussent encore un peu plus, les limites d’une pop bien dans son époque. D’entrée « Don’t Want To Know » marque le ton de l’album avec cette guitare wah wah, cette tournerie funky portée par une basse batterie implacable qui est désormais la marque de fabrique de Ferry. « N.Y.C. » développe une rythmique entêtante avec cette basse dansante et funky mais dans un genre beaucoup plus groovy avec une belle évolution sur le pont musical, le tout enveloppé de sirènes de police et de sonorités étranges. « Your Painted Smile » est une balade intrigante, portée par des guitares éthérées, chargé d’écho dans la voix et marquée par un saxophone lointain qui rappelle « Flesh & Blood » ou « Avalon ». Avec ces guitares funky, ce saxophone et ces synthés lointains (on pense aux Chariots de Feu de Vangelis) « Mamouna » est un titre attrape cœur qui vous accroche par autant de petites nuances et subtilités. Sur le dansant et funky « 39 Steps » la basse synthétisée et la batterie s’en donnent à cœur joie, rappellent « The Chosen One » sorti sur « Boys and Girls ». On craque sur l’inquiétant « Wildcat Day » dominé par les synthés menaçants de Bryan Eno, hachés par cette guitare wah wah. Ici Bryan Ferry nous offre une plongée dans les eaux calmes d’une pop raffinée. Les notes glissent et s’enfoncent vers les territoires d’une longue rêverie avec une certaine saveur romantique et dérapent vite en improvisations folles de bruitages pour finir en feu d’artifice sonore.   

Bryan FerryLe second CD, « Horoscope » propose lui les chansons originales telles qu’elles auraient du figurer sur le projet initial. « The Only Face », Desdemona (N.Y.C.) », « 39 Steps » et « Gemini Moon » réenregistrées pour « Mamouna » sonnent ici bien différemment. Plus expérimental, « Horoscope » a du probablement être écarté à l’époque car jugé pas assez commercial.  « Gemini Dream » s’étire en longueur avec une rythmique, plus lente moins syncopée. Les versions de « Loop De Li » et « S & M (Midnight Train), deux chansons que Bryan Ferry revisitera plusieurs années plus tard sur « Avonmore » (2014) sonnent ici de manière plus épurées, plus sombres aussi. « Raga » titre planant au groove étonnant où la trompette domine rassemble plusieurs styles musicaux. A noter aussi cette relecture intéressante du « Mother Of Pearl » de Roxy Music. Le troisième CD présente les œuvres instrumentales à l’origine de « Mamouna ». Fascinant d’écouter comment « The Only Face (Instrumental First Draft ’89) » va prendre forme. Les trois versions de « Your Painted Smile » démontrent le processus créatif. La première version propose une piste instrumentale, la seconde est augmentée du chant tandis que la troisième piste propose une version juste piano et voix. Cette nouvelle édition montre une fois de plus que Bryan Ferry fait partie de ces alchimistes sonores qui vous emmènent toujours plus loin, vers des contrées musicales aux paysages fantasmagoriques où l’imaginaire de chacun peut vagabonder au gré de ses humeurs et de son rythme. Une musique puissante et vibrante ouverte sur le monde. Du grand art.

 

 

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