Adieu Tai-Luc : mort d’un héros du rock hexagonal
Au début je n’arrivais pas à y croire, mais au bout de deux publications sur Facebook, j’ai compris. Tai-Luc, l’âme de La Souris Déglinguée s’était envolée. Depuis la formation de LSD à Versailles en 76, il en était la figure emblématique. Pur, droit et intègre, il n’avait jamais transigé avec son rock sans concession. Hélas à seulement 65 ans, son corps a été retrouvé inanimé chez lui, où il aurait fait un malaise cardiaque ou respiratoire.
C’est sans doute une des plus nobles pages du rock Français qui se tourne avec la soudaine disparition de Tai-Luc. Depuis 1976 avec La Souris Déglinguée, il incarnait cet idéal du rock prolo auquel il n’avait jamais dérogé. Bien avant ses contemporains de Bondage ou de Boucherie production, Tai-Luc fait souffler l’esprit punk et indé qu’il n’a jamais trahi, métissant punk, ska, reggae et rock. Et si LSD a vécu au fil des ans moult mutations, le groupe a toujours fonctionné comme une sorte de club rock, avec les mots et la rage de son chanteur comme trait d’union. Riche de sa double culture vietnamienne et française, le chanteur leader de La Souris Déglinguée aura eu plusieurs vies en parallèle. Car en plus de ses exploits rock and roll, depuis près de 30 ans, riche d’un doctorat, il était aussi enseignant à l’Institut des langues orientales (Inalco).
Amoureux de la culture asiatique, Tai-Luc était aussi passionné de littérature et c’est sans doute ce qui l’a poussé voici 5 ans à devenir bouquiniste aux pieds de l’Hotel de Ville de Paris, consacrant ses « boites » à la littérature des années d’Indochine et à son amour du rock, proposant quelques collectors vinyles aux amateurs éclairés qui venaient le visiter. Or cet emplacement, comme tous les autres sur les quais de Seine sont menacés, puisque la Préfecture de Police souhaitait les supprimer en vue des prochains jeux Olympiques, ces « boites » pourtant emblématiques du Paris éternel présentant parait-il un problème de sécurité. Ces derniers jours Tai-Luc avait d’ailleurs commencé à rapatrier des caisses et des caisses de bouquins à son domicile, au mépris des crises d’asthme dont il souffrait. A-t-il trop présumé de ses forces ? Dans le Figaro on apprend également que voici quelques jours il participait encore dans un froid hivernal à une manifestation contre cette éviction des bouquinistes, malgré leur ancrage ancestral sur les quais de notre capitale. Aurait-il attrapé froid ? Hervé Philippe, son manager historique et son ami depuis 60 ans, explique qu’il souffrait d’une toux terrible depuis au moins quinze jours. Vendredi depuis le matin, il ne répondait plus sur son portable. Et ses caisses face au 2 quai de Gesvres étaient restées closes. Finalement, face à l’inquiétude de ses amis, la propre fille de Tai-Luc s’est rendue à son domicile et c’est là qu’elle retrouvé son père au sol inanimé. Immense tristesse, mais les belles et nobles idées ne meurent jamais, elles continueront à vivre à jamais dans les brûlots rebelles de La Souris Déglinguée. Au revoir Tai-Luc !