ADAM AND THE ANTS « Prince Charming »
Voici 41 ans dans BEST GBD dessoudait, non sans raisons, l’insipide Adam et ses fourmis. Tête de gondole de la tendance de la semaine « nouveaux romantiques version pirates » avant même l’invention de ceux des Caraïbes, le pauvre Adam Ant n’aura guère fait long feu au pays magique du showbiz ce « Prince Charming » 3éme LP étant l’ultime chant du cygne de sa formation trendy de Londres. Flashback…
Pauvre Adam abandonné par ses fourmis… ses musicos ayant définitivement déserté pour s’en aller rejoindre, sous la direction du filou Malcolm « The Great Rock and Roll Swindle » McLaren la ravissante Annabella Lwin de Bow Wow Wow et de constituer son groupe. (Voir sur Gonzomusic BOW WOW WOW « See Jungle ! See Jungle ! » et aussi MELODY ANABELLA ). À court d’imagination, il n’est guère surprenant que coté créativité ce 3éme 33 tours d’Adam and the Ants soit aussi pauvre, preuve que le natif du quartier de Marylebone avait atteint le bout du rouleau malgré son micro-hit avec un « Stand And Deliver » irrémédiablement faiblard.
Publié dans le numéro 162 de BEST :
Adam Ant faisait les cent pas. Dans son uniforme chamarré de Prince Charmant, je pouvais le voir exactement comme au cinéma ou dans les projections vidéo du Ritz a New- York. Vu le nombre de galons et de boutons dorés, ce type devait être un personnage important. Ses joues maquillées ,ses yeux peints, il aurait pu faire la couverture d’un Vogue du 18′ siècle s’il avait existé. Je me souviens. New-York et Londres. Adam sur scène, quelques clones éparpillés dans la salle, et moi ailleurs. En général, on joue aux cow-boys et aux Indiens ; d’un côté, il y a les cow-boys. de l’autre les Indiens, ça parait simple, logique même. Ben Adam, c’est à la fois le cow-boy style dentelle et l’Indien genre sauvage-mais-tendre.
Au bout d’un moment, on finit par s’y faire; au second degré, la musique des Ants prend une dimension pleine d’humour et de non sens. C’est hélas bien involontaire. Le côté sweet tribal de l’album en reflète, à mon avis, un feeling très zoo : les fourmis en cage ont perdu leur sauvage instinct. « Stand and Deliver » devrait éclater comme une bordée de canon au lieu de pouffer comme un pétard mouillé. Avec « Ant Rap », le futé Adam se ménage une sortie funk.au cas où. Copie funkadélisante lorsque la mode pirate tournera casaque sans doute ? Comme cette salsa baptisée « Scorpios » où Adam pompe et caricature le son Dexys Midnight Runners ( Voir sur Gonzomusic MY LAST KEVIN ROWLAND INTERVIEW ). Le hurlement que pousse notre Prince Charmant sur la chanson qui porte justement ce titre laisse planer un certain doute sur la sexualité actuelle de ce troublant jeune homme. Adam me rappelle cette copie de David Bowie sortie a grands frais en 73 qui signait d’un « J » qui voulait dire « Jobriath ». Bref, dans la suite logique du film, Adam Ant monte sur la planche qui surplombe l’océan. Un sabre d’abordage le repousse vers le bord et il finit par sauter dans une mer démontée, infestée de journaleux-requins aux dents acérées. RIP Adam.
Publié dans le numéro 162 de BEST daté de janvier 1982