LANA DEL REY “Chemtrails Over the Country Club”
Pour décrire son « Norman Fucking Rockwell », je la comparais à la quiétude d’un bain moussant coloré bleu Obao de notre enfance, la belle vaporeuse est de retour pour son 15ème album de l’année ( non je rigole… quoi que 🤣 ) avec cet intemporel « Chemtrails Over the Country Club » paru en mars dernier… et en attendant le prochain baptisé « Blue Banisters » qui sortira le jour de la Fête de l’Indépendance, on ne peut décidément pas taxer Lana Del Rey de flemmasse !
À 35 ans, Lana Del Rey continue de nous séduire avec la même intensité que lorsque nous l’avions découverte voici déjà dix ans avec son « Video Games » si obsédant et son « Blue Jeans » si sensuel. Lana comme Lana Turner et Del Rey comme Marina Del Rey, il n’en fallait pas plus pour bâtir cette nouvelle légende féminine. Baby doll à la moue boudeuse, elle marche sans défaillir dans les pas de Marilyn, Ava ou Audrey comme un symbole d’une Amérique révolue.. Dix ans et sept albums (plus un CD de poésie déclinées) plus tard la newyorkaise déracinée en sunny California girl continue de nous séduire et au premier chef un certain JCM chaud comme la braise du BBQ…
Par Jean-Christophe MARY
Lana Del Ray, c’est une voix distinctive, immédiatement identifiable. De son vrai nom Elizabeth Woolridge Grant est plus connue sous le pseudonyme de Lana Del Rey a construit au fil de sa déjà longue carrière discographique un ensemble de sonates décrivant sa vie, son évolution personnelle, ses défaites et ses réussites au travers de rêves d’une Amérique disparue, fantasmes auxquels elle s’accroche éperdument. Il suffit de regarder l’image de la pochette de ce nouvel album où elle pose au milieu de dix femmes au look inspiré par Marilyn Monroe ou Jacky Kennedy. Comme sur les précédents albums, ces 11 nouveaux titres ressemblent à une photo rétro de la musique d’aujourd’hui, une musique composée par une artiste à la fois moderne et vintage, où chaque thème touchant à l’iconographie des 50’s et des 60’s est magnifié. Lana Del Rey se pose en témoin d’une Amérique révolue, une époque où les artistes folks des 60’s les Joni Mitchell, Carole King, Carly Simon écrivaient l’histoire pop folk de Laurel Canyon. En ce sens, Lana Del Rey est une grande prêtresse qui convoque nos émotions les plus nostalgiques. À travers » Chemtrails over the Country Club », la belle nous accroche par ses titres intimistes, plus sobres plus matures, dotées d’une forte personnalité, des chansons ouatées qui n’ont de cesse de nous étonner au fil des écoutes.
Des balades touchantes à la manière de Regina Spektor, Emiliana Torrini ou Cat Power. De » White Dress » à «Yosemite» à « Dance Till We Die » en passant par « Chemtrails over the Country Club » qui donne son titre à l’album, voilà un collier de perles où défilent entre nos oreilles des ballades pop folk bouleversantes de sensibilité, comme autant de confession intimes, mais aussi des titres doucement plus rock. À travers ces mélodies au style pop californien, truffés de petites subtilités incroyables, on succombe vite sous le charme de cette voix fragile, si féminine. « Tulsa Jesus Freak », « Let Me Love You like a Woman », « Wild at Heart Dark but Just a Game » les compositions sont de véritables accroche-cœurs, un mélange heureux, d’ambiance feutrée et de profonde mélancolie Les arpèges cristallins et discrets soulignent la voix tantôt aérienne, tantôt rauque, légèrement brisée, mais vibrante d’émotion et de mélancolie. Soutenue par une basse batterie qui groove, l’auteur compositrice se laisse aller à une ivresse qui nous fait tourner la tête et réveille nos sens par de délicats parfums comme ce « Dance Till We Die ». Voilà une pop-folk intime et raffinée chantée avec un grand soin pour les harmonies vocales. « Chemtrails over the Country Club » est un réservoir de guitare folk, de slide- guitar, de bottlenecks doucement électrifiés, et d’harmonicas, orchestré de façon ouaté par le producteur Jack Antonoff pour nous faire planer tout là-haut, au milieu de ces fameux chemtrails qui sillonnent le ciel. Les textes, personnels, intenses, mettent en relief la force et la douleur des sentiments de la belle. L’alchimie entre les textes, la musique et cette voix pleine émotion fonctionnent à merveille. La beauté et le spleen de cet album envoûtant mérite même, après de de multiples écoutes, une attention particulière. On adore.