Richard Anthony : la mort du twist
A 77 ans, Richard Anthony s’est éteint chez lui dans la nuit des suites d’une hélas trop longue maladie. Le chanteur né en Egypte en 1938 n’entendra plus jamais siffler le train.
A l’aube des années 60, bien avant Johnny et Eddy, c’est bien lui qui popularise cette nouvelle danse venue des USA : le twist. Très vite, comme les Beatles reprennent les standards de la Motown ou de Stax en Angleterre, Richard Anthony adapte en français les hits anglo-saxons…er c’est un carton ! Pourtant le jeune Ricardo Anthony Btesh ne débarque en France qu’à l’age de 13 ans en 1951. Mais très vite il se sent chez lui à Paris. D’abord lycéen à Janson-de Sailly rue de la pompe, il apprend le saxe en autodidacte et se produit dans les clubs parisiens…tout en assurant le pain quotidien en vendant des réfrigérateurs. En guise de nom d’artiste, il ne conserve que ses deux prénoms : Richard et Anthony. Si Richard Anthony commence a chanter des adaptations, notamment le « Peggy Sue » de Buddy Holly, il devra patienter jusqu’à son 3éme 45 tours « Nouvelle Vague » en 1959, adaptation de « 3 Cool Cats » des Coasters pour décrocher son premier tube. Dés lors, Richard Anthony va enchainer les succès avec ses covers. Et pas des moindres, Richard Anthony ne choisit que du bon pour ses reprises : de Ray Charles ( « Fiche le camp Jack » (« Hit the Road Jack »), d’Elvis Presley « Sa grande passion »( « His Latest Flame »), de Dion « Le vagabond » (« The Wanderer »), des Everly Brothers « J’irai pleurer sous la pluie » (« Crying in the Rain », de Peter, Paul & Mary « J’entends siffler le train » (« 500 Miles »), de Donovan « Autant chercher à retenir le vent » (« Catch the Wind »), de Dusty Springfield « A présent tu peux t’en aller » (« I Only Want To Be With You »)des Beatles « Rien pour faire une chanson » (« Run for Your Life »), des Mamas and the Papas « La terre promise » (« California Dreamin’ »), des Stones « Fille sauvage » (« Ruby Tuesday »). Jusqu’à la fin des années 70, Richard Anthony décroche ses hits, mais il enchaine déboires sentimentaux et démêlés avec le fisc Français. Il séjourne même quatre jours à la prison d’Osny en 1983 au titre e la « contrainte par corps » pour le forcer à s’acquitter de nombreuses amendes cumulées. Son cas fera heureusement jurisprudence et la « contrainte par corps », une honte pour la démocratie, disparaitra du paysage juridique hexagonal. S’il publie fort eu de nouvelles chansons, capitalisant sur ses années dorées, Richard Anthony continuera longtemps de donner des galas jusqu’à cette sombre année 2010 où l’on diagnostique un cancer du colon. Le chanteur se battra jusqu’au bout contre ce foutu crabe maléfique qui a hélas fini cette nuit par avoir sa peau chez lui dans les Alpes Maritimes. Comme le lion,le twist est mort ce soir !