Le FBI a espionné Pete Seeger durant 30 ans

 

PeteSeeger & Bob Dylan

On connaissait la curiosité malsaine du FBI pour Lennon et Chaplin, on découvre aujourd’hui que le poéte folk libertaire Pete Seeger est resté durant plus d’un quart de siécle sous la surveillance étroite de l’agencé fédérale fondée par Jay Edgar Hoover, le FBI. Que d’argent public balancé par les fenêtres !

Pete Seeger & Springsteen sur les marches du CapitolOn peut dire que cela mouline sec au Federal Bureau of Investigations. Dés 1943 les flics de la sécurité intérieure avaient de quoi être sur les dents au sujet d’un certain Peter Seeger né le 3 mai 1919 à Patterson dans l’État de New York. Au milieu des 60’s, il composera trois des tubes les plus emblématiques de sa génération : la fameuse « If I Had A Hammer », popularisée par Peter, Paul and Mary, l’utopique «  Where Have All the Flowers Gone » et bien entendu « Turn Turn Turn » brillamment reprise par les Byrds. Mais si le FBI a mis ses plus fins limiers sur le coup c’est que dés 43 le Jeune Seeger s’était distingué en rédigeant une lettre où il dénonçait le sort réservé aux vétérans US d’origine nipponne après l’entrée en guerre du Japon. Il servait lui-même sous les drapeaux à l’époque en tant que mécanicien dans l’US Air Force. « Si l’on écarte les descendants de Japonais, pourquoi ne pas réserver le même sort aux descendants d’Anglais ? », s’insurgeait-il. Dès lors le Bureau a enquêté sur ses nombreuses « connexions » avec le Parti Communiste. Ainsi jusqu’aux années 70, le chanteur n’a pas échappé à l’œil de Washington, qui a compilé 1800 pages de rapport, dont 90 restent encore à ce jour inaccessibles, marqués sous le sceau du « Secret Défense ».

Déviance gauchiste

 

On peut néanmoins découvrir qu’une enquête dans son lycée du Connecticut avait révélé qu’il portait des » vêtements de bohémien ». Un autre agent s’est rendu à Harvard où il a découvert que Seeger avait des résultats corrects, mais qu’il était également secrétaire général d’un syndicat étudiant. Une autre « note blanche » s’interroge sur sa relation avec une jeune femme d’origine japonaise, Toshi Ohta. Il avait aussi appartenu à l’ensemble the Almanac Players, aux côtés de Woodie Guthrie, un groupe suspecté de sympathies communistes. Jugé « potentiellement subversif », un premier rapport est envoyé directement au boss, J Edgar Hoover. Puis, dans les années 50, lorsque Seeger avait rejoint les Weavers, des fonctionnaires assistaient alors à tous leurs concerts pour traquer la moindre « déviance gauchiste ». Il sera même forcé de témoigner devant la triste « House Committee on un-American Activities » de McCarthy. En 1965 c’est sous sa houlette que Bob Dylan se produira lors de son show historique au Neport Folk Festival. Et fort heureusement, à un moment donné, les G men lui ont enfin lâché la grappe. Décoré par Clinton, il est fait l’équivalent US de Chevalier des Arts en 94 et on le voit même chanter  aux cotés du Boss, sur les marches du Capitole, pour la prestation de serment du premier mandat de Barak Obama. Hoover a dû se retourner dans sa tombe et c’est tant mieux. Seeger s’est éteint en 2014 après 94 magnifiques années.

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