LAURENT GERRA AU CASINO DE PARIS
Lorsque Laurent Gerra a fini d’illuminer le sapin de la place du village de Megève, il regagne la capitale pour y donner son show de music-hall, au Casino de Paris, prouvant ainsi qu’il demeure incontestablement l’un des plus doués de sa génération. En effet, dans son nouveau spectacle, l’humoriste vocaliste rosse hommes politiques, chanteurs, acteurs, et personnalités qui ont fait l’actualité en 2024. Balance son humour au vitriol avec une aisance et une fausse désinvolture qui forcent l’admiration. Brillant dans l’écriture mais aussi dans l’improvisation, il sait comme personne jouer avec le public sans la moindre complaisance tout en conservant cette aura de sympathie qui le rend unique. Quand Laurent Gerra se met à table, on sait d’avance que ce sera mitonné.
Par Jean-Christophe MARY
Quelle salle mieux que le Casino de Paris pouvait accueillir le nouveau show de Laurent Gerra. Quand on vient ici c’est pour la tradition, l’ambiance music-hall d’un autre temps. Cet écrin rouge et or sied parfaitement à l’humoriste qui on s’en souvient faisait ses premiers pas dans la salle en 1997 aux côtés de Virginie Lemoine. Durant 2h30 Laurent Gerra se mets à table et cuisine hommes politiques, chanteurs, acteurs, et personnalités qui ont fait l’actualité. On connaît les voix et les gestes, on reconnaît les personnages, les anciens et les nouveaux, on attend l’humour grinçant et le verbe qui n’a peur de rien, comme une Madeleine de Proust. Bref, on sait ce que l’on va voir. Et pourtant, dès qu’il entre sur scène, c’est comme si on redécouvrait tout pour la première fois. Accompagné de cinq musiciens, l’imitateur le plus écouté de France parcourt de sa plume toujours aussi acérée l’année écoulée avec des chansons et des sketchs inédits, réactualisés et sa vision de l’actualité sans cesse revisitée. Et balance les pires horreurs avec un naturel et un sourire déconcertant. Il se moque de tout et de tout le monde. Entre le cynisme et dérision, non seulement il déclenche le rire sur les travers des personnalités qu’il cible mais prend surtout un malin plaisir à observer la réaction du public. Car assister à une performance de Laurent Gerra c’est comme visiter un petit musée des horreurs où le rire se transmet d’un simple regard, d’un simple geste de la main, un simple mouvement du corps. On se laisse porter par le rythme, la pulse de ces vannes qui s’enchaînent à la vitesse de la lumière.
A travers une mise en scène sobre et efficace on prend crampes de rire sur crampes de rire et on a du mal à reprendre son souffle. Dans cette arrière cuisine où trône une batterie de cuisine plus vraie que nature, il dégaine vanne sur vanne à vitesse de la lumière. Les Véganes et leur menu Pot Tofu, Patrick Bruel , l’Abbé Pierre, Sarkozy, Hidalgo, Hollande ( qu’il imite à la perfection !) Macron Meilleur Orgueilleux de France, Michel Barnier « il a été retourné comme une crêpe le grand Barnier » mais aussi les homos, les transgenres, ce soir ceux qu’il passe à la loupe en prennent tous pour leur grade. Léon Zitrone, Grand Corps Malade chantant la digue du cul, Jack Lang et la Fashion week Islamiste ou Julien Clerc ne manquent pas d’être sacrément assaisonnés, quand Pierre Bellemare, Benjamin « Comme j’aime .fr » Castaldi eux servis aux petits oignons. Nouvelle carte et plats signature, il y en a pour tous les goûts : politiques, chanson, télévision et cinéma, toutes ses cibles passent à la casserole ! Véritable jongleur de mots, il met en parallèle à travers un lexique emprunté à la cuisine Jean d’Ormesson et les ados sur les réseaux sociaux. Il aborde d’un ton décalé et provocant des thèmes comme les transgenres, renvoie dos à dos Booba et Patrick Bruel, La cuvée 2024 est exceptionnelle, elle devient aussi mémorable par cette pointe de tendresse à travers un medley de chansons de Johnny Hallyday, Trenet Aznavour, Lama ,Becaud, Nougaro, Montand, Reggiani, Ferrat, Salvador séance émouvante là encore dont il émaille son spectacle. Un Laurent Gerra inattendu, surprenant, émouvant. Et quand c’est joué avec une telle précision, un tel sens de l’autodérision, on ne peut qu’en rire aux éclats.
Un grand merci à Frédéric Jérôme et à ses équipes du Casino de Paris pour leur accueil toujours aussi chaleureux.
Jusqu’au 04 janvier.
Casino de Paris. 16, rue de Clichy, 9e. A 20h30. De 29 à 89 €. www.casinodeparis.fr