La belle « Pourriture! » de Philippe Lacoche

Philippe LacocheHé non… trois fois non, je suis loin de considérer mon estimé collègue de BEST Philippe Lacoche en tant qu’objet en putréfaction, que l’on se rassure. Tout au contraire, je cherche juste à attirer ton attention, cher Gonzo-lecteur, et simplement à t’alerter sur sa petite pièce de théâtre… justement intitulée « Pourriture ! » … qui mérite qu’on s’y attarde, captivé par le 35éme degré de l’action et de ses personnages.

Philippe LacocheOn se souvient tous du fameux « Springtime For Hitler », le Titanesque bide théâtral prémédité monté par les deux principaux protagonistes de Mel Brooks dans son extraordinaire « The Producers » Leo Bloom ( Gene Wilder) et son acolyte Max Bialystock ( Zero Mostel). En découvrant « Pourriture ! » de Philippe Lacoche, on ne peut s’empêcher d’y voir une analogie entre les deux pièces.  Et au premier chef, l’obsession pour les « culottes de peau » autrichiennes du principal protagoniste Humbert (Humbert ?) Mulot, ex adhérent aux jeunesses hitlériennes, qui les commercialise dans son échoppe, la bien nommée « Au petit bavarois ». L’homme collectionne de surcroit les prothèses de hanches, sans doute la moindre de ses perversions avouées. On y trouve également un trio de prostituées issues du fameux bordel « Le gros Cygne », soit sa tenancière la gouailleuse madame Paule et deux de ses contractuelles l’aristocrate Jeanne-Constance de la Tergnière et la gironde Roberte Mathis. Or cette dernière est la fille du brigadier Mathis l’adjoint de l’inspecteur Dambrine, les deux officiers de police qui complètent le casting de cette « Pourriture ! » après que Jeanne-constance n’ait tenté de « découiller » d’une dent rageuse les bijoux de famille de Mulot. Certes aussi loufoque que déjantée, aussi décalée que choquante, la pièce de Lacoche fait remonter à la surface les rances horreurs de l’occupation allemande et de sa cohorte de collabos. On y retrouve outre l’odeur fétide du Poujadisme, le « Comme un avion sans ailes » de Charlélie Couture revisité en « Comme un humains sans aine » (sic !) , mais aussi François Deguelt , un président ultra-libéral qui répond au nom de Gutronc nous engageant à « traverser la rue » pour trouver un travail. Jusqu’au bout de ses trois actes, « Pourriture ! » joue à fond l’air de la provoc et de l’absurde assumé. Et c’est un véritable électro-choc.

 

« Pourriture ! » par Philippe Lacoche

Aux Editions Les Soleils BleusPhilippe Lacoche

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