LE LUNA PARK DES LUNA PARKER
Voici 30 ans, dans BEST, les Luna Parker illuminaient la mythique rubrique « Le rock d’Ici » de leur pop acidulée. GBD qui avait déjà succombé à leur formation précédente, les Tokow Boys, ne pouvait que se réjouir de voir cette nouvelle bouture, baptisée Luna Parker, propulsée par leur joli brin de hit « Tes États d’âme…Éric », au joyeux titre calembour, squatter les sommets des classements 45 tours. Dans la foulée des Daho, Niagara et autres Elli Medeiros, les Luna Parker incarnaient cette nouvelle vague venue chasser la vieille variété rance, pour la supplanter d’un rock frais venu de l’Hexagone. Flashback jusqu’au Luna Park des Luna Parker.
Trois singles, un album…et puis s’en vont, le duo Luna Parker constitué de Rachel Ortas et d’Eric Tabuchi ne survivra pas longtemps à leur vaillant single au titre jeu de mots « Tes États d’âme…Éric ». Pourtant, les LP avaient tout à fait leur place dans la galaxie des valeurs montantes de la nouvelle pop hexagonale. Hélas après le flop du premier album des Luna Parker, au titre toujours en forme de vanne, « Félin pour l’autre » publié en 88, le couple à la ville comme sur scène va se séparer. Rachel renonce à la chanson tandis qu’Eric devient un petit génie informatique sur Mac, si loin du luna park festif des Luna Parker.
Publié dans le numéro 224 de BEST sous le titre :
LE TOUR DE LUNA PARKER
Si les Luna Parker ne déclenchent chez vous que quelques hasardeux frissons pour Top 50, ces quelques lignes devraient raviver votre mémoire rock. Ça c’est l’histoire d’un combo authentique qui parvient enfin à pulvériser le béton des 80’s. « Tes États d’Âme… Eric » ne se contente pas seulement d’être un trait d’humour, c’est surtout l’aboutissement Iogique d’une percée souterraine de cinq années sur trame de love story. Rachel Ortas et Eric Tabuchi se rencontrent au début de la décennie. Les racines japonaises d’Eric leur soufflent le nom du groupe. Ce sera les Tokow Boys-TokyoBoys/les garçons de Tokyo. Premier single, « Elle Hotesse », une poperie acidulée par la voix haute de Rachel et le sax de Brunetti. Les Tokow Boys et leurs cinq membres gagnent les ondes des premières radios pirates parisiennes. Banco avec « Petite Rockette » – encore un jeu de mots – le deuxième 45 tours- et les Tokow investissent les caves rock mythiques du Gibus et du Rose Bonbon. Quelques renversantes colonnes dans les mensuels signées JEP( Jean Eric Perrin) et GBD et l’album « Cobra ! Cobra ! » sort dans la foulée ; les Tokow Boys partagent cette fièvre ravageuse du nouveau rock hexagonal comme les Stinky Toys ou Marquis de Sade. Hélas, tout comme eux, les Tokow disparaitront pour cause de crise de croissance. Rachel et Eric retrouvent la formule « noyau de base » pour la tentative Rachel Rachel, mais il faudra attendre 1986 pour voir enfin émerger Luna Parker et la ruée vers l’or de la SACEM
« Des Tokow Boys aunTop 50, il s’est peut-être écoulé cinq ans, mais nous n’avons jamais cessé de faire des trucs. », raconte Rachel. « On s’est installé à côté de Bièvres dans une maison construite par Eric depuis qu’il a quinze ans. On a fini l’intérieur à deux. Au début, ça n’était qu’un studio de répète à plusieurs niveaux, puis c’est très vite devenu notre maison. Elle est plantée juste à côté du centre atomique de Saclay, c’est sans doute pour cela qu’on est un peu verdâtres ! (rire). Eric s’est également essayé au ciné, puisqu’il a signé les deux BO des films « Faux Fuyant » et « Gardien de Nuit » du réalisateur Jean-Pierre Limosin. (dans lesquels Rachel tiendra également un rôle). Luna Parler c’est aussi Bonnie and Clyde et quelques jokes. « Eric adore cela, c’est son régal », reprends Rachel, « On est comme des enfants de Gainsbourg. On est accros à la musique des mots. » À l’époque des Tokow Boys, j’avais écrit que la voix de Rachel était « un sensuel moustique qui buzzbuzzait toute la nuit sous la moustiquaire sans qu’on ne parvienne jamais à l’écraser ». Aujourd’hui, notre moustique a pris des cours de chant pour faire tomber la France. Comme ses petits copains Elli, Daho, Niagara et autres Avions, les Luna Parier contribuent au flux de la nouvelle pop. Mais cela vous le savez dèjà …Parker 😉
Publié dans le numéro 224 de BEST daté de mars 1987