LA BOHÈME À L’OPÉRA
Du 12 septembre au 14 octobre, l’Opéra national de Paris reprend l’inoubliable « Bohème » de Giacomo Puccini, créée en 1896 à Turin. Le metteur en scène Claus Guth y transpose l’éternelle histoire de Mimì et Rodolfo dans l’espace d’un vaisseau spatial en perdition, offrant une lecture vertigineuse de la nostalgie et du passage du temps. Nicole Car et Charles Castronovo forment le couple phare de cette nouvelle série de représentations. Quand la SF percute ainsi l’art lyrique pour la plus grande satisfaction de JCM !
Par Jean-Christophe MARY
C’est un retour attendu. Après avoir connu un succès phénoménal lors de sa création à l’Opéra Bastille en 2017, la mise en scène de Claus Guth de La Bohème revient pour onze représentations exceptionnelles. L’opéra de Puccini, créé au Teatro Regio de Turin le 1er février 1896 sous la direction d’Arturo Toscanini, n’a cessé depuis d’habiter le répertoire mondial. À l’Opéra national de Paris, il fut notamment présenté au Palais Garnier en 1973 dans la mise en scène de Gian Carlo Menotti, puis à Bastille en 1995 sous la direction scénique de Jonathan Miller, avant que Claus Guth n’en propose, il y a huit ans, sa relecture la plus audacieuse.
Connu pour ses mises en scène marquantes à l’Opéra National de Paris (Rigoletto, Lohengrin, Jephtha, Berenice, Don Giovanni, Il Viaggio Dante) , Claus Guth replace les poètes et grisettes d’Henry Murger dans un décor d’anticipation : un vaisseau spatial échoué sur une planète lunaire. Ici, le Paris des mansardes et des cafés s’efface au profit d’un espace mental, hanté par les souvenirs et par la mort. La scénographie d’Étienne Pluss, les costumes d’Eva Dessecker et les lumières de Fabrice Kebour sculptent cet univers suspendu, où la nostalgie de la jeunesse se vit comme un songe hallucinatoire.
La musique de Puccini, quant à elle, continue de bouleverser par ses contrastes : du premier duo incandescent « Che gelida manina » à l’« Addio senza rancor » de Mimì, ultime adieu de l’amour et de la vie. Domingo Hindoyan, à la tête de l’Orchestre et des Chœurs de l’Opéra national de Paris, imprime son souffle lyrique et dramatique à cette fresque. Chef vénézuélien formé auprès de Daniel Barenboim, Hindoyan s’impose comme une figure montante des grandes phalanges internationales, apprécié pour la clarté de son geste et son sens de la respiration vocale.
Pour ces onze nouvelles représentations, la distribution s’annonce haut de gamme. La soprano australienne Nicole Car -déjà présente en 2017- devrait incarner une Mimì d’une intensité fragile, avant de céder le rôle à la Chilienne Yaritza Véliz en octobre. Face à elles, le ténor américain Charles Castronovo puis Joshua Guerrero devraient eux donner chair au poète Rodolfo. Andrea Carroll prêtera son éclat à Musetta, Étienne Dupuis camper un Marcello ardent, tandis que Xiaomeng Zhang (Schaunard), Alexandros Stavrakakis (Colline) et Franck Leguérinel (Alcindoro) complèteront un plateau solide. Dans ce couple Car–Castronovo, que l’on a déjà vu briller ensemble sur scène dans Simon Boccanegra de Verdi à l’Opéra Bastille (2024), la complicité vocale et la sincérité du jeu devrait conférer à l’ouvrage sa vérité la plus intime.
Au-delà des décors futuristes et de l’allégorie de l’exil, reste l’essentiel : l’histoire d’une jeunesse vouée à s’éteindre. Claus Guth en fait le fil rouge, rappelant que la bohème, si éphémère, ne se vit qu’une fois.
La Bohème
De Giacomo Puccini
Opéra Bastille
du 12 septembre au 14 octobre 2025
De 53 € à 175 €
2h30 avec 1 entracte
Artistes :
Giacomo Puccini
Musique (1858 – 1924)
Giuseppe Giacosa : Livret
Luigi Illica : Livret
Domingo Hindoyan : Direction musicale
Claus Guth : Mise en scène
Étienne Pluss : Décors
Eva Dessecker : Costumes
Fabrice Kebour :Lumières
Arian Andiel : Vidéo
Teresa Rotemberg : Chorégraphie
Yvonne Gebauer : Dramaturgie
Alessandro Di Stefano : Chef des Chœurs
Distribution
Nicole Car : Mimì (12 > 30 sept.) en alternance avec
Yaritza Véliz : Mimì (2 > 14 oct.)
Charles Castronovo : Rodolfo (12 > 30 sept.)