JAD WIO « Cadavre » et « Exquis »
En fait, le premier CD « Exquis » a ouvert la voie sous son titre si délicat, avant son alter-ego forcément noir « Cadavre » mais c’est pourtant bien de « cadavre-exquis » dont il s’agit ici car amoureux des mots, Denis Bortek l’âme de Jad Wio et son alter-ego Kbye nous l’ont si souvent prouvé depuis le crépuscule des années 80. Et depuis lors, le groupe n’a jamais dévié de la trajectoire sonic qu’il s’était tracé, la preuve par ce joyeux cocktail de références mythiques du glam-rock et de la new-wave à travers les 13 compositions en clair-obscur de ce double-album.
DENIS BORTEK EN SOUVENIR DE FRANK DARCELTout d’abord, il y a eu « Exquis », car comme le dis si bien son géniteur Denis Bortek « Voir sur Gonzomusic ), mieux valait commencer par cet album blanc, que de démarrer sur son alter-ego ténébreux « Cadavre », ce qui tombe sous le sens, même s’il se révèle bien entendu sarcastique. Et c’est donc dans cet ordre-là que nous allons autopsier ce « Cadavre » puis cet « Exquis », les deux résolument rock où les mots se télescopent en français et en anglais. Et c’est tout d’abord « French Western », sombre comme un titre des Stranglers, electro comme Depeche Mode au parlé-chanté à la Gainsbourg puissant et fantasque, climatique tubesque en diable qui ouvre l’album avant de plonger dans « A Mouse In the Cake » entêtante rythmique entre pur glam rock et new wave ou T Rex percute les Psychedelic Furs, sans oublier un lointain écho des Kinks… vous l’aurez compris, rien que du bon. La prochaine n’est pas signée Jad Wio puis qu’il s’agit de « In Every Dream Home a Heartache » reprise spatiale et quasi méconnaissable du hit de Roxy Music extrait de « For Your Pleasure », le second LP. Ouis c’est au tour d’« Incandescent » en français dans le texte, portée par sa séquence synthés 80’s romantique et puissante, un des titres les plus… lumineux ! Avec « Solère » les guitares et le mood à la Cure sans oublier des vocaux subjuguants à la Bowie font un titre qui vous transporte là où l’oxygène est un peu plus rare. « Moonchild », puissante et propulsée par la voix de Denis Bortek, nous entraine en trip stratosphérique aux échos délicatement acid sixties, sans doute une des perles de cet aventureux projet. Enfin avec « Casablanca », le dernier titre de ce premier CD, Denis retrouve ses racines au Maroc et jamais la ville de Bogart n’aura été aussi rock dans cette balade aussi romantique qu’intemporelle.
Second volet avec « Exquis » qui démarre sur un « Monsieur Gargantua », gainsbourgien en diable, si entrainante et si cool sur sa séquence synthé à la OMD « Enola Gay » électrisée aux guitares sauvage et bigrement énergiques. Puis sur « Requête obsolete » les synthés sonnent un peu Jacno/ OMD rétros 80’s allumés pour un titre aussi joyeusement néo 60’s … mais quel cocktail ! Avec « Spatiale » démarre un compte à rebours avant un … décollage sur des flutes champêtres hippies pour une composition si légère qu’elle défie les lois de l’attraction terrestre… mais toujours ce petit synthé dans le fond du décor, ce qui constitue LA marque Bortek sans doute. « Le taxidermiste »… sonne un peu taxi…Girl au sens Daniel Darc du terme… où il vocalise d’ailleurs les mots « comme un cadavre exquis »… qui est justement le titre de ce double-projet… vous avez dit étrange ? En tout cas ce titre est une rengaine qui nous vrille si festivement le cerveau. Mais ce qui constitue sans doute le hit de l’album, c’est « Les amours jaunes », aux guitares et aux chœurs 60’s boostés par des synthés 80’s, sans oublier une pointe de glam rock pour, titre fatalement rock and roll qui se révèle tout particulièrement addictif, avant un « Magdalena Dunkel » très Depeche Mode sur ses sombres séquences électroniques et un petit clin d’œil à Kraftwerk au passage pour clore cette seconde rondelle. Mon pari c’est que ce cocktail rock 60’s/ glam-rock/ new wave devrait faire tourner bien des têtes.
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