VERONIQUE SANSON AU GRAND REX
Véronique Sanson fêtait son anniversaire en famille et en trois soirées au fameux Grand Rex parisien chauffé à blanc, dans la cadre de sa tournée « Hasta Luego », démarrée et jouée à guichets fermés depuis 2022. Un tour qui se poursuit cette année, celui des 75 ans de la chanteuse rock iconique hexagonale née à Boulogne Billancourt, dont le style piano voix a su inspirer tant et tant de générations.
Par Jean-Christophe MARY
En cinquante ans de carrière, Véronique Sanson ( Voir sur Gonzomusic VERONIQUE SANSON : WELCOME BACK ! , A PLEYEL LES CHANSONS DE SANSON ONT DU SON VÉRONIQUE SANSON L’AMOUR QUI BAT et aussi VERONIQUE SANSON AUX FOLIES BERGÈRE ) ) fait partie de ces artistes de légende qui ont laissé une empreinte indélébile dans la chanson française. Depuis « Amoureuse », son premier album sorti en 1972, le public a toujours répondu présent. La jeune génération lui doit beaucoup et la chanteuse fait partie de ce cercle restreint d’artistes qui sont une « référence ». À la fois forte et fragile, elle incarne depuis les débuts une variété pop folk blues soul portée par des textes flamboyants qui exposent ses failles, ses tourments, ses désirs et ses amours. Véronique Sanson, c’est un phrasé et un vibrato particulier, une écriture personnelle à fleur de peau. C’est l’une des rares à savoir-faire groover aussi bien la langue française. Il suffit d’écouter ses trois albums écrits et enregistrés aux Etats-Unis auprès des plus grands musiciens de la pop américaine « Le Maudit », « Vancouver » et « Hollywoood » (1973 – 1978) à l’époque où elle vivait avec Stephen Stills. Un virage américain qui aura introduit en France une musique résolument novatrice. Mardi 23 avril, peu avant 21h00, les lumières s’éteignent sous la clameur du public, plongeant la salle dans le noir sous son ciel étoilé et laissant apparaitre un incroyable light show fait de bâtons et de cercles lumineux très esthétiques. Magique dès le premier titre, « Véronique » qu’elle entame sur une entrée à l’américaine, coté cour, la chanteuse réussit à nous transporter grâce à son incroyable voix, sa présence animale et ses mots toujours aussi chaleureux : « Je suis très heureuse de vous retrouver. On va passer un bon moment ensemble, qu’est-ce que j’aime entendre vos voix ».
Entourée de ses fidèles musiciens dirigés par son bassiste et chef d’orchestre Dominique Bertram, Véronique Sanson récolte les faveurs du public sur la vingtaine de titres joués ce soir : « Comme je l’imagine » au piano, puis « Indestructible » dotés de puissants arrangements rythm’n’blues 70’s, suivi du funk rock groovy « Un peu d’air pur et hop ! » chanson écolo avant l’heure parue sur l’album au titre cinglant « Moi, le venin » (1988). La section de cuivre est soudée, très efficace même si on ne peut s’empêcher de penser au regretté Steve Madaio (trompette). Un autre absent pour raison de santé, le prodigieux Basile Leroux remplacé par une autre fine lame de la guitare, Michel Yves Kochmann. Elle enchaine « Je suis la seule », « Sans regrets » et l’émouvant « Je me suis tellement manquée » et entame un vibrant « Besoin de personne ». Dès les premières notes de « Chanson sur une drôle de vie », les spectateurs assis au premier rang se ruent au-devant de la scène. De l’orchestre aux balcons assis tout la-haut dans les gradins, le public est maintenant débout, chante et danse. Dans la salle flotte une certaine légèreté.
Retour à un son gonflé plus rock « Les délices d’Hollywood », suivi de « Vancouver », une version sublime d’« Amoureuse » et « Bouddha ». Derrière son piano, Véro (pour les intimes !) nous livre de beaux moments privilégiés. Ensuite, le public a droit à « Bernard’s Song (Il n’est de nulle part) » avant de finir en apothéose sur un « Rien que de l’eau ». La voix n’a pas pris une ride, le son est puissant, racé, impeccable. Pantalon moulé, bottines et redingote noire, elle nous envoie ses chansons comme des caresses ou des brûlots. Immédiatement le public, les bras levés, semble comme soulevé, porté par une vague d’euphorie collective. Dans un ronflement de guitares rock signées de son fils Christopher Stills, doublé d’une basse-batterie à l’assise solide rehaussée de cette section de cuivre particulièrement musclée, Véronique Sanson distille ses chansons, des connues et des moins connues, à travers puissance et énergie. Au premier rappel, les spectateurs ont droit à « Alia Soûza / Salsa » titre chaleureux, coloré et dansant, suivi de « Ma révérence ». Visiblement émue et heureuse, Véronique Sanson n’a décidément pas envie de quitter la scène. En guise de second rappel, seule au piano, elle nous offre un inédit « Les délires d’Hollywood » une petite chanson courte « Comme je les écrivais à l’époque sur mes premiers albums … », suivie de l’incontournable « Bahia ». Des titres qui réussissent, à certains moments, à nous rendre nostalgiques ou euphoriques. Une chose est sûre : Véronique Sanson rayonne, vit ses morceaux à fond. A 75 piges, l’artiste est peut-être un peu moins agitée sur scène qu’il y a quelques années, mais nous réserve toujours quelques poses dont elle seule a le secret. Et surtout quelle voix ! Setlist soignée, light show élégant, son extra dans un théâtre archi-comble, les fans ont eu droit ce soir à 2h30 de pur bonheur !
Véronique Sanson Tournée Hasta Luego Le Grand Rex 23/04
Setlist :
Véronique
Comme je l’imagine
Indestructible
Un peu d’air pur et hop !
Je suis la seule
Sans regrets
Je me suis tellement manquée
Besoin de personne
Chanson sur une drôle de vie
Les délices d’Hollywood
Vancouver
Amoureuse
Bouddha
Bernard’s Song (Il n’est de nulle part)
Rien que de l’eau
Encore:
Alia Soûza / Salsa
Ma révérence
Les délires d’Hollywood
Bahia