COMMENT J’AI FAILLI RACHETER SON DISQUE D’OR A SHANE MCGOWAN
C’était un printemps 1987, forcément à Bourges et dans la foulée de leur fracassant « Rum Sodomy & the Lash », j’avais brièvement rencontré les Pogues pour la télé, juste avant qu’ils ne montent sur scène, nous énivrer joyeusement de leurs irrésistibles chansons à boire. En ce triste jour du décès de Shane McGowan, je voulais juste vous faire partager son sourire de jeune homme de trente ans. So long Shane McGowan.
Je me souviens que chez BEST nous avions été nombreux à craquer sur ce second LP des Pogues le bouillant « Rum Sodomy & the Lash », inspiré d’une citation de Winston Churchill qui déclarait « ne me parlez pas des traditions de la Marine car pour moi elle ses résument à : rhum, sodomie et le fouet ». Sous sa pochette en forme de radeau de la méduse et sa production limpide assurée de main de maitre par Elvis Costello, c’était bien plus que des chansons de marins ivres. On y trouvait bien des trésors, dont la sublime balade celte « I’m the Man You Don’t Meet Every Day », la chavirante « A Pair Of Brown Eyes » ou la folk punk sautillante « Sally MacLennane », mais c’est bien la perle mélancolique « Dirty Old Town » qui a achevé de nous prendre à l’abordage. Alors lorsque quelques mois plus tard les Pogues étaient programmés au Printemps de Bourges, j’ai bien sur braqué ma caméra et tendu mon micro à celui dont je dois avouer, qu’entre rock critics, nous moquions gentiment la dentition apocalyptique comme l’hygiène dentaire.
Ce jour-là, le label français des Pogues, qui étaient alors distribués par Musidic, avait apporté une floppée de disques d’or pour l’épatant « Rum Sodomy & the Lash », dont je devais remettre devant la caméra un exemplaire à Shane McGowan et au guitariste Philip Chevron. Du coup je suis parti dans un délire de vouloir leur racheter le fameux disque d’or avec beaucoup d’humour Shane et son acolyte ont embrayé. Punk un jour … punk toujours, avant de serrer la pince de son guitariste pour marquer le coup de la célèbration de ce trophé, Shane prend bien le temps de cracher dans sa main avant d’empoigner la paluche de Philip Chevron. À l’heure où l’on apprend la triste disparition de Shane McGowan finalement emporté à 65 ans par une encéphalite ( Voir sur Gonzomusic Mort de Shane McGowan le chanteur des Pogues à 65 piges ), je voulais vous faire partager ce clin d’œil.
« Dis-moi Shane tu reçois beaucoup de ces trucs-là ?
Shane : Jusqu’à présent c’est assez cool, c’est le troisième de ces trucs qu’on m’offre.
Et il y en a d’autres là juste à côté ; que vas-tu faire de tous ces trophées ?
S : Que crois-tu que je veuille en faire… les fourguer, bien sûr et encore au meilleur prix.
Combien en veux-tu ?
S : OK mais c’est bien parce que c’est toi, je te le laisse à 200 £ ( 215 € ). Ça te fera environ 2000 F.
Philip Chevron : Allez c’est le moment de jouer carte sur table : tu poses le cash ou pas ?
It’s deal ! (rires) »
Et quand je tente (vainement) de lui faire enregistrer un jingle pour le « Mini Journal de Drevet » sur TF1, soit le JT de 18h, il explose de rire dans mon micro en hurlant en « français » dans le texte » Vive le republic et merci les Pogues ».
So long Shane Mcgowan en écoutant ta version de la classique « And the Band Played Waltzing Matilda »