RILÈS « Welcome To the Jungle »
Encore plus rafraichissant que la menthe Ricqlès ( 🤪 ), voici Rilès, sans doute le rappeur hexagonal le plus doué qui émerge depuis des lustres. Basé à Rouen, ce total autodidacte de 24 ans, enfermé dans sa chambre, chez ses parents, a publié deux ans durant un titre inédit par semaine sur sa chaine Youtube. Pari gagné, signé sur un gros label international, « Welcome to the jungle » son tout premier album sorti voici déjà quelques mois est juste une bombe rapologique porté par une classe internationale. Petite Gonzo-séance de rattrapage….
Mieux vaut tard que jamais. Bien que sorti voici six mois, il est grand temps de découvrir l’album inaugural de l’amazing Rilès. Amazing…yes, car, non seulement le jeune rappeur de Rouen vocalise en anglais, avec une incroyable perfection, et surtout sans une once d’accent camembert, contrairement à la multitude de ses confrères, qui scandent leurs textes comme Maurice Chevalier vocalisait dans les vieux films d’Hollywood. Mais surtout, ses compositions sont hallucinantes de qualité, digne des meilleurs de Kanye West, son héros, ou de Childish Gambino, Kodak Black ou encore Kendrick Lamar, juste le top du panier des hip-hoppers les plus doués de la planète. D’ailleurs, dés le tout premier titre, le très Kanye West (justement) « Admiration », nous sommes tout simplement… admiratifs : super accent anglais, super voix, super composition, super énergie, super prod… décidément Rilès coche une à une toutes cases. Porté par une chorale angélique gospel version « sunday service » avant l’heure, le jeune homme de seulement 24 ans se révèle juste bluffant. Et ce n’est qu’un début, le combat hip-hop continue et n’a pas fini de nous subjuguer. Après une intro de cris de guerriers zoulous, il pulse avec « No Tears » une puissante chamade qui fait battre nos cœurs. Mais c’est avec l’émotionnel « Thank God » que le rappeur de Rouen délivre sa plus puissante bordée, envoyant par le fond ses challengers hexagonaux les plus redoutables, sur ce titre aux confins du blues.
Forcément latin, comme son nom l’indique, porté par une délicate guitare flamenco et sa trompette mélancolique « E a verdade » puise aux sources acoustiques et cool de Seu Jorge. Braconnant joyeusement sur les traces de Post Malone, sur un lointain rythme reggae, Rilés lance sa « Queen » comme un joueur expérimenté du damier son échec et mat. Sans doute une des compositions les plus entêtantes, « Against the Clock » compte parmi les moments de bravoure de ce « Welcome to the Jungle », à l’instar de cette torride déflagration de soul-music en parfaite influence 60’s qu’est « Marijuana », aux confins d’un Percy Sledge . Cependant Rilès parvient à faire encore plus fort, avec LE hit de l’album « Myself N’ the Sea », propulsé par son intense séduction sonique de hip-hop métissé, entre two steps et dancehall, une véritable bombe énergétique qui nous booste de ses good vibes. Retour aux sources gospel avec « Old Days », un peu de douceur urbaine dans la brutalité ambiante, avec la tendre « Resolution », ou retour aux influences dancehall, avec le secoué « Are You A Star », ce jeune homme fait preuve d’une époustouflante maturité. Enfin, ce bien bel album s’achève sur l’électro « Run ! », qui me rappelle incroyablement le « Run Boy Run » de Woodkid. Décidément on se dit que cette jungle où nous accueille Rilès Kacini est bien belle et luxuriante, pour une vraie bouffée d’oxygène dans ces temps…confinés !