BRUCE (LIT) TOUT PUISSANT
Cela fait déjà dix ans que Bruce Lit. Et forcément, Bruce Lit bien 🤣 Bruce Lit c’est le bébé de Bruce Tringale, un merveilleux blog gratuit sans pub participatif et militant, un blog rock and roll dont le mantra est : « Bruce Lit : de la culture geek à la culture tout court ». Bruce est aussi un confrère du nouveau BEST et à ce double titre votre Gonzomusic ne pouvait rester indifférent. Rencontre avec ce Bruce-tout-puissant…
Des comics au ciné, des mangas au rock, du ciné à la musique, le site de Bruce Tringale, le bien nommé Bruce Lit offre des choix pointus à ses lecteurs avec son équipe de bénévoles passionnés. Rencontre avec ce Bruce ( Lit) tout puissant…
« Alors Bruce… comment es-tu devenu l’hériter de la famille Wayne ?
Comment je suis devenu Bruce Wayne, c’est une question un peu piège car je n’ai jamais vraiment aimé Batman, je suis bien plus Marvel que DC Comics. Parce que à l’époque, les Comics de Batman n’existaient pas en France, ils n’étaient pas publiés. Donc, je n’ai découvert l’existence de mon papa que sur le très tard. Batman, il y avait la version pop sur Canal plus qui passait, je me rappelle. Mais bon la série télé avec Adam West était particulièrement kitch.
Et comment es-tu devenu Bruce Lit ?
Bruce Lit est un personnage que je me suis créé. Bruce Lit se la ramène. Il est assez arrogant, il cherche la merde sur Internet. Il n’hésite pas à critiquer des BD, des comics, que tout le monde adore, mais dans la vraie vie, tu vois bien que je suis une crème. Au début, je me contentais de commenter des BD sur le site d’Amazon et puis j’ai créé mon propre blog grâce à mon épouse, qui a confectionné ce site. Et j’ai pu relever un défi qui consiste à publier un article par jour pour satisfaire mon amour des comics, des mangas, de la BD et du rock, en invitant des copains ou des plumes que j’avais repérées sur le net.
Au début effectivement le site n’était consacré qu’à la BD avant un extension du domaine de la lutte culturelle ?
Il y avait quelque chose de très artisanal car petit à petit on a aussi étendu au ciné puis au rock. Si on faisait un article sur la Hammer ou sur Goldorak, les Cités d’Or … mais aussi Pink Floyd ou Alice Cooper. Et de fil en aiguilles j’ai été repéré par des gens comme Dionnet ou Eudeline ou Manœuvre… ou toi… car je suis heureux de pouvoir enfin te rencontrer.
Tout cela est né d’un amour immodéré des cultures car il faut préciser que Bruce lit… mais de manière absolument désintéressée et bénévole.
Oui. C’est bénévole, je ne touche rien. Je commence à avoir quelques piges grâce à BEST, mais ce qui m’intéressait, c’était d’écrire, de partager et d’échanger. Sur Bruce Lit tu verras qu’il y a une rubrique « Commentaires » qui est très fournie. Et sans cette rubrique, sans les retours de nos lecteurs, je m’ennuierais beaucoup. J’adore qu’on me dise : « je ne suis pas d’accord avec toi… tu oublies un truc ! » car c’est dans ces moments-là que je prends du plaisir. J’ai besoin d’être challengé. D’être bousculé dans mes certitudes. J’aime me tromper, car je fonctionne beaucoup à l’instinct. Tu m’as dit que tu étais un spécialiste de Depeche Mode, moi quand j’étais au collège, c’était LE groupe que tous les gens que je n’aimais pas aimaient. Donc j’ai fait une assimilation. Et puis un jour j’étais à la Loco et j’ai entendu « Never Let Me Down Again » à fond et tout à coup la chanson m’a parlé, il y a une porte qui a été défoncée et je me suis rué sur le double « Best of… ». À l’époque il est sorti juste après « Ultra ». Et là j’ai découvert un groupe extraordinaire et je continue de le penser. Je trouve que Depeche Mode a une spécificité rare dans l’histoire du rock, c’est qu’ils ont beau vieillir, ils n’ont pas fait de mauvais album. Ils font des albums excellents et d’autres bons, mais il n’y a jamais eu d’albums qui fassent honte aux fans de Depeche Mode. Et cela est juste exceptionnel.
D’où viens Bruce-tout-puissant ?
Je suis né dans le 93. Je revendique mes origines modestes. Mon père était coiffeur et ma mère esthéticienne. On a vécu dans les HLM de la cité d’Orgemont dans le 93 à Épinay sur Seine. J’ai fait mes études à la Sorbonne, trois ans de littérature moderne spécialisée pour devenir journaliste. À l’époque, je me plantais sans arrêt aux partiels, j’étais trop sensible, trop intimidé par la vie parisienne ; je ne m’y sentais pas à l’aise. Et du coup je suis retourné en banlieue parisienne pour devenir assistant social. Ma culture, je l’ai construite en banlieue. Sur Canal + pour tout ce qui est cinéma, merci Jean Pierre Dionnet et je l’ai construite à ma bibliothèque municipale qui était abonnée à Rock & Folk.
Tu es né en quelle année ?
Je suis de 73. En fait ma culture 33 tours s’est construite grâce à un disquaire où je passais une heure chaque samedi en attendant le kiné qui exerçait dans le même immeuble. J’épluchais les pochettes, et j’achetais quand mon argent de poche me le permettait, mais mon approche du rock a d’abord été visuelle. Ce sont les pochettes qui me fascinaient. Je suis tombé face à face avec une vache qui me regardait, celle d’« Atom Heart Mother ». Et je suis tombé amoureux de Pink Floyd. À l’époque, j’étais faible, il y avait les premiers Madonna qui avait beaucoup de sex appeal pour le jeune ado que j’étais. J’ai acheté mon premier Stones parce que j’adorais la pochette de « Hot Rocks », cette compile avec les visages qui se fondent les uns dans les autres.
Tes premiers disques ?
Le premier disque que j’ai acheté, mais je différencie ceux que j’ai eu avec mon argent de poche et ceux que ma mère m’achetait lorsque j’étais sage. C’est ainsi que j’ai eu « Thriller » quand il est sorti, je devais avoir 10 ans. J’étais aussi un grand fan de A-ha à l’époque. Et puis et puis la grande révélation, le premier disque que j’ai acheté véritablement c’était « Diesel and Dust » de Midnight Oil. Ça a été un choc extraordinaire. C’est un disque encore aujourd’hui, que je connais par cœur.
C’était dû aussi aux prises de position sur l’écologie et les droits de l’Homme de Pete Garrett ?
Ça c’est venu après parce que quand cela sort, ce n’est pas forcément couvert par la presse que je lis. Mais j’adore la voix de Peter Garrett, cette voix très agressive, pas forcément agréable à l’écoute et pourtant, qui est toujours juste. Un peu comme Bob Dylan, tu vois ? C’est une voix qui chante vrai. Et après, effectivement, lorsqu’est sorti « Blue Sky Sky Mining », là effectivement je me suis vraiment intéressé au message écologique. Déjà, effectivement dans « Diesel and Dust », il y avait beaucoup de chansons qui traitaient des aborigènes et je me suis beaucoup identifié à ça aussi.
Et ton premier concert ?
Le tout premier concert, c’était Renaud à l’époque de « Putain de camion ». Et le premier concert rock, c’est Alice Cooper au Zénith 91 pour la tournée « Stupid ». J’ai écouté Alice Cooper depuis des années. Là, j’avais découvert ses disques à la médiathèque de Saint-Denis. Et je suis tombé fou amoureux de la pochette de « Killer », avec son serpent de profil. Et ce qui était extraordinaire avec Alice Cooper, c’est que je pouvais deviner en fonction des pochettes, les bons et les mauvais albums. Par exemple, si tu prends la pochette de « Flush the Fashion, » qui est l’album qu’il ne se rappelle même plus avoir enregistré, tu comprends tout de suite.
Pourtant la pochette de « Billion Dollars Babies » n’est pas particulièrement belle, pourtant l’album est génial ?
L’album est extraordinaire, le vinyle est conçu en forme de portefeuille. Mais Alice Cooper, c’est l’ennemi du bon goût. C’est pour ça que je l’aimais. J’étais fou d’Alice Cooper, et j’en suis toujours fou. C’est ma grande idole avec Pink Floyd.
Et donc 10 ans de Bruce Lit et pas une seule journée de karaté ?
En fait, j’ai dû me mettre à la salle de sport, parce que ma femme trouvait que je m’empâtais un peu trop ; donc je n’ai pas fait de karaté, mais j’essaye de m’entretenir. Mais oui, le sport, c’est l’écriture Gérard, c’est le plaisir d’écrire, le plaisir de sentir ses idées fuser. Prendre forme. Et puis il y a le site où savoir que l’on déclenche soit de la colère, soit de l’admiration, soit de l’amour parfois. Et aussi surtout d’avoir toutes ces portes que l’écriture m’a ouverte. C’est-à-dire que je vis deux vies, maintenant. Je vis celle que je me suis construite à force d’efforts professionnels et celle dont j’avais toujours rêvé, c’est-à-dire d’être journaliste et que je n’ai pas mené à terme.
En fait ton seul regret c’est ce système capitaliste de rentabilité qui a fait que tu as été forcé de scinder ta vie en deux, en fait ?
Ah, c’est vrai que je l’ai regretté, cependant je le regrette moins maintenant que je suis j’écris dans Geek magazine et aussi comme toi dans BEST. Même si je ne peux pas en vivre. Mon père était artisan. Et ça, c’est une vraie vie difficile. Il attendait inlassablement son client. Et ce n’’est pas une vie dont j’avais envie, tu vois ? Le fait d’être fonctionnaire me permet de mettre ma famille à l’abri des angoisses que mon père pouvait connaître. Cela me laisse le loisir de défendre mes passions, d’avoir une vie un peu nocturne. Voilà, à l’inverse de ma femme qui travaille dans le privé et qui doit largement sacrifier des pans de sa vie privée au détriment de son travail. Donc voilà, c’est aussi assumer ma culture rock Gérard, de ne pas sacrifier ma vie. C’est de vivre, de connaître des passions et sans être un pion du salariat. Et j’ai cette liberté de pouvoir flâner chez un disquaire, de pouvoir lire, de pouvoir m’absorber dans une œuvre. Sans avoir à être toujours préoccupé par ce qu’il y a dans le frigo… ou pas.
Pour paraphraser Patrick McGoohan, tu dirais : je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre !
J’ai beaucoup aimé « Le Prisonnier ». C’est une série qui m’a beaucoup parlé.
Pour moi c’est une série qui a changé ma vie !
Tu avais aimé le dernier épisode ?
Absolument c’est un épisode sous trip sous LSD dont la morale est nous sommes tous notre propre N°1, nous sommes tous prisonniers de nous-mêmes si nous sommes incapables de nous en libérer. »
BRUCE LIT :