ARNOLD TURBOUST DANS « LE ROCK D’ICI » DE BEST

 

Darcel, Daho & Turboust

Darcel, Daho & Turboust

 

 

Alors que son nouvel album, sobrement intitulé « Arnold Turboust », sort tout juste ces jours-ci, voici 30 ans, dans la légendaire rubrique « Le rock d’ici » de BEST, Arnold Turboust prenait justement son envol, emporté par son 1er 45 tours « Adelaïde », en duo avec la comédienne Zabou Breitman, et le succès conséquent de sa collaboration avec un certain Etienne Daho. Décidément, la rock culture et la vie sont pleines de coïncidences. Retour vers le futur d’un petit prince de la pop hexagonale.

 

turboust-86À l’époque, j’avais fait un « doublé » dans ce papier pour « Le rock d’ici » : Arnold Turboust et un certain Robert Farel qui avait écrit le texte de la chanson « Duel au soleil » pour Etienne Daho. 30 ans plus tard, Arnold publie son 5éme album, tandis que Robert Farel s’est hélas abîmé dans le triangle des Bermudes du showbiz. Deux carrières, deux vies, deux acteurs du renouveau de cette pop à la française qui a émergé au milieu des 80’s…dont il ne reste plus qu’un. Et le meilleur. Autant Arnold était cool et talentueux, autant Farel pouvait-il se montrer tête à claques et cossard. Alors, forcément nous reparlerons très vite sur Gonzomusic de ce radieux nouvel album éponyme de Turboust- un futur Alain Chamfort ?-…en attendant, flash-back jusqu’au numéro 218 du défunt mensuel BEST.

 

Publié en septembre 86 sous le titre :

 

ARNOLD TURBOUST ET ROBERT FAREL

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Paris, la nuit. Un bar de Pigalle et la table au fond, devant les stores. Cocktails de fruits exotiques sirotés au soleil des spots. Robert Farel et Arnold Turboust flashbackent vers lbiza et les soirées allumées aux côtés de Daho. Cher Rock Holmes, pas besoin de loupe pour passer au crible les crédits de «  Pop Satori » pour retrouver les traces de Bob et d’Arnold. Farel a signé le texte de la chanson de Soligny «  Duel au Soleil ». Quant à Turboust, il « tombe pour Étienne »- comme on est « Tombé pour la France »: NDR- depuis « Le Grand Sommeil»… Daho c’est géant, mais le vinyle en liberté est bien plus grisant. Oyez oyez braves kids. Ils ont sorti tous deux cet été leurs premiers 45 tours.

Robert FarelBob Farel

D’abord Farel, le titi parisien et son « Perdu sous I’Equateur ». Né à Vincennes, viré n fois du bahut. Bob avoue avoir pas mal glandé lorsqu’il jouait des épingles à nourrice à la fin des seventies. « J’étais DJ au Broadway un club des Halles au début de la période ska. Madness, les Specials, the Beat m’ont inoculé le virus de la nuit. La cabine du DJ était un carrefour où l’on rencontrait les gens facilement : des  allumés cyniques, des noctambules que tu ne revois jamais. Je sors encore beaucoup, mais à Paris tu te retrouves sans cesse dans les mêmes circuits. » Gibus, Rose Bonbon, Farel a trainé sa guitare avec quelques formations rock défuntes et oubliées. Cassettes, maquettes et antichambres du rockbiz, il parvient à accrocher Philippe « Barclay » Constantin. Vaguement Axel Bauer, « Perdu sous I’Equateur » est assez plaisant, mais sa production manque de punch. Dommage pour le titre, mais je suis prêt à parier que Bob a en stock quelques compositions pour nous alpaguer. S’il avoue sa paresse, Robert Farel ne doit pas se laisser dominer par elle.- décidément,GBD pouvait parfois se montrer vertigineusement prophétique 😉 : NDR-.

Arnold Turboustadelaide

J’ai enfin rencontré un « Frissonnant »… la machine TOP 50 a ainsi baptisé les singles sur le point d’être intégrés au classement. Lorsqu’on «frissonne» on fait les cent pas dans l’antichambre du succès commercial. Avec « Adelaide » son premier single et « Épaule Tattoo » qu’il a composé pour Daho, Arnold se retrouve avec deux hits classés. Banco! Grand, maigre, souriant, blond bouclé et clavier jusqu’au bout des ongles, Arnold ressemble à Linus, un des personnages de Charlie Brown. Lorsque j’ai commencé à balancer son « Adelaïde » à la radio – sur « Planète, mon émission quotidienne sur RFI que j’animais de 84 à 87 :NDR- on m’a ricané : « ouaf, on dirait Daho ». Normal, ils bossent ensemble depuis trois ans et ont été tous deux nourris au biberon du Rock à Rennes et des Transmusicales. Originaire de Saint Lo, en Normandie, Turboust pianote en compagnie d’un batteur, Eric Morinière. En 77, ce dernier passait tous ses week-ends à Rennes pour répéter avec un groupe au nom évocateur: Marquis de Sade. Eric et Arnold se perdent de vue jusqu’à ce coup de fil : « On a besoin d’un piano pour l’album, tu viens ? ». À l’époque, Arnold n’avait même pas de piano, juste un orgue à tout faire, un Farfisa double étage comme un bus à impériale. Enregistré à DB par Thierry Haupais, le « Dantzig Twist » fondateur du Marquis explose avec fureur et subtilité en 79.

«Je rentrais de vacances en Espagne », se souvient Arnold, «j’ai allumé la radio de bord et c’était magique, ils passaient mon intro au piano de « Conrad Veidt ». Comme Daniel Pabœuf, Arnold devient membre invité du club Marquis de Sade. Ses parents l’inscrivent dans une boîte privée à Nantes où il rencontre Muriel (Niaqara). Nathalie (Filionl et surtout le bassiste Pierre Comeau (Marc Seberg). Ensemble, ils montent les Private Jokes que je découvre sur la scène des Transmusicales en  décembre 80. Bosseur fou, Arnold fait de Private Jokes un groupe le plus performant du Far West hexagonal. Deux compiles, celle de Michel Embareck « Bandes de France » et l’abominable « Rock inRennes » concoctée par Monsieur CBS, un Rock in Loft exemplaire avec Tuxedo Moon et Private Jokes se désintègre.etienne-daho-tomb-pour-la-france

« Deux jours après le split », reprend Arnold, « Frank Darcel me proposait de bosser sur son nouveau groupe après Marquis de Sade : Octobre. Je vivais au jour le jour avec ma caisse, c’était l’aventure de l’incertitude. Étienne était un copain de Frank – qui le produisait alors-. Il avait déjà sorti son premier LP. On se connaissait depuis longtemps. C’était naturel qu’on finisse par bosser ensemble. »

« Signé Kiko », sur l’album « La Notte, La Notte » a bien failli être le  premier 45 tours d’Arnold, mais il l’a filé à Étienne comme beaucoup d’autres. Toutes ces nuits sur ses synthés, il ne les a pas brulées en vain :

«Je me suis retrouve’ avec plein de morceaux et pour la première fois j’avais vraiment envie de chanter, c’est une évolution, même si ce petit 45 tours n’est qu’un bout d’essai. »

« Petit 45 tours » est déjà grand. Enregistré en duo avec Zabou, « Adelaïde », ce new-menuet pop et synthétique fait déjà battre nos transistors. Vidéoclipé comme un clin d’œil au Capitaine Fracasse, il est en passe de gagner la télé. Arnold déborde de feeling, de passion. Il fonce de tous les côtés. Il prépare un disque pour Zabou, un autre pour Valli l’ex-Chagrin d’Amour, un troisième pour lui. Sans oublier la tournée Daho à la rentrée et un nouvel indicatif pour mon mégalo-show planétaire sur Radio France Internationale. Décidément, Turboust turbine à Mach 3 ou 4 pour conquérir l’espace sonore.

 

Publié dans le numéro 218 de BEST daté de septembre 1986

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